Au rédacteur en chef,

Nous avons lu avec intérêt le cas d’hyponatrémie sévère secondaire à une absorption excessive de glycine décrit par Ziadé et coll.1 lors d’une résection de myome par hystéroscopie. En effet, la glycine est largement utilisée comme liquide de distension en hystéroscopie pour ses qualités optiques. Par contre, l’absorption excessive de ce liquide de distension demeure une complication majeure de la chirurgie endoscopique et peut mener à des complications graves telles la surcharge volémique et l’intoxication à l’eau. Plusieurs mesures peuvent être prises pour minimiser l’absorption comme l’utilisation d’un appareil automatisé pour contrôler les pressions d’irrigation et pour calculer en temps réel le déficit liquidien, l’amincissement préopératoire de l’endomètre2 et un choix judicieux du type d’anesthésie.

Peu d’études ont été réalisées à propos de l’impact du type d’anesthésie sur l’absorption de glycine dans ce type de chirurgie. Bien que l’anesthésie régionale ait comme avantage le diagnostic précoce des complications neurologiques, Goldenberg et coll.3 rapportent une absorption moindre de glycine chez les patientes subissant une résection de l’endomètre sous anesthésie générale que sous anesthésie péridurale. Par contre, notre équipe a démontré dans une étude rétrospective que comparée à l’anesthésie générale, l’anesthésie locale avec narcose est associée à une diminution significative de l’absorption de glycine et un taux moindre d’absorption supérieure à 500 mL,4 tout en permettant elle aussi une reconnaissance rapide des symptômes précoces de surcharge. La pratique actuelle dans notre milieu est d’effectuer 65 % des interventions sous anesthésie locale avec narcose, avec un taux de conversion vers l’anesthésie générale de 8 %.

Nous croyons que la vasodilatation artériolaire induite par les agents utilisés en anesthésie générale pourrait entrainer une absorption plus importante de glycine par intravasation directe. Afin de confirmer cette hypothèse, une étude prospective randomisée est en cours à l’Université Laval (Québec, QC, Canada). Enfin, on note dans ce rapport de cas que l’anesthésie générale, la pression d’irrigation ainsi que la taille du myome réséqué chez la patiente ont certainement contribué à cette forte absorption. Même si des moyens clairs ont été établis pour minimiser la quantité de liquide absorbé, il demeure que ces moyens s’avèrent parfois inefficaces et que la surveillance étroite du bilan liquidien est primordiale. L’arrêt de l’intervention est recommandé lorsque l’absorption de glycine atteint 1500 mL afin d’éviter des complications graves.5