Résumé
Au printemps 2007, nous écrivions1: Les fortes fluctuations boursières et les variations erratiques de la volatilité que l’on a observées depuis quelques années sur les marchés financiers ont fait surgir de nouveau chez les professionnels, mais également dans le grand public, un certain nombre de questions, d’ailleurs récurrentes en économie, sur la pertinence du niveau des cours de bourse en regard des facteurs fondamentaux de la rentabilité des entreprises et des conditions du contexte économique dans lequel s’inscrit l’activité commerciale. Les cours de bourse apparaissent dès lors affranchis de tout rapport avec une valeur supposée fondamentale des sociétés ou des actifs cotés et négociés. Ils seraient comme situés en dehors de la réalité de l’économie, dans un ailleurs virtuel où cette réalité ne trouverait pas sa place, remplacée par la versatilité de l’imaginaire d’opérateurs irresponsables2.
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Literatur
Ce chapitre-ci part du livre collectif Walter et Brian [2007a]. Ce «nous» désigne les deux codirecteurs de la publication. Je reprends et réorganise pour mon propos des éléments fournis dans le livre de 2007 par les spécialistes des principales approches économiques et financières de la valeur fondamentale qui y ont contribué: La Chapelle [2007], Challe [2007], This Saint-Jean [2007], Hyme [2007], Galam [2007], Tadjeddine [2007]; et bien sûr nos propres arguments: Walter et Brian [2007c], Brian et Walter [2007].
Walter et Brian [2007b], p. 1.
Nous annoncions ce programme dans Brian et Walter [2008].
Lordon [2008], p. 159. Sur les différents niveaux de contrôle qu’induit le recours au calcul axiomatique des probabilités, cela à la différence de leur calcul classique (qui dépendait de la règle arithmétique du nombre de cas favorables divisé par le nombre de cas possibles) ou de leur calcul analytique (où s’ouvrait le spectre des fonctions possibles, sans qu’on puisse toutefois jouer sur les propriétés des espaces de probabilité ni concevoir des espaces filtrés), voir plus haut p. 59–64.
Condorcet [1786], p. 197–198 (repris dans les Œuvres de Condorcet, 1847, t. V, p. 159–160. À ce sujet, voir Brian [1994] et [2006]. L’incertitude dont il est ici question est celle éprouvée par le calculateur, non pas celle dont le calcul pourrait rendre compte. Elle relève de l’agent que le calcul laisserait perplexe (par exemple de Turgot face aux équations), et non de la théorie analytique des probabilités (à laquelle au demeurant Condorcet œuvrait en faisant lire ses textes à Turgot lui-même).
Fama [1965], p. 90. La notion a été formuléc à plusicurs reprises dans Fama [1965], [1970] et [1976]. La première version articule explicitement l’efficacité informationnelle et la valeur fondamentale intrinsèque d’une entreprise. Les suivantes en sont des révisions.
Une interprétation subjectiviste de ce contrat social consisterait à considérer qu’il suffirait que tous les agents s’entendent sur cette règle de calcul pour qu’elle ait force de loi: renouant avec John L. Austin (1911–1960) [1962], on pourrait être tenté de reconnaître, à la manière de Muniesa et Callon [2008], une performativité de l’énoncé de la règle de calcul. Si ce n’est que le phénomène résiste aussi bien à la règle de calcul qu’à l’accord sur la règle, et que cette résistance ne va pas sans tension avec les systèmes de représentations des agents.
Le fait que les procédés du calcul induisent des hypothèses différentes quant aux temps et à sa construction mathématique était le point de désaccord entre Condorcet et Laplace. Voir Condorcet [1784–1787] et Laplace [1812]. À ce sujet, voir Brian [1994] et Brian et Jaisson [2007a], p. 1–25 ou [2007b], p. 19–56.
Challe [2007].
La Chapelle [2007].
Pour une synthèse, voir Orléan [2008].
Voir ci-dessus, p. 66.
Keynes [1921]. Runde et Mizuhara [2003] éclairent utilement la théorie économique de Keynes à la lucur de sa conception du calcul des probabilités.
Voir Hyme [2007] et Orléan [2008]. Galam [2007] et Tadjeddine [2007] offrent, par des voies différentes — dans le premier cas il s’agit de physico-économic, dans le second de sociologic économique, — deux analyses complémentaires qui conduisent vers le même constat: les systèmes de représentations des agents gouvernent l’établissement d’une valcur fondamentale.
Orléan [2008]. L’article récapitule une vingtaine d’annécs de recherches amorcécs par les publications suivantes: Orléan [1986], [1989], [1992].
Orléan [2008].
Voir le chapitre 3, p. 53–78.
This Saint-Jean [2007]. Pour mémoire, voir Tirole [1982].
Hyme [2007]. Pour mémoire, voir Black [1986], De Long, Shleifer, Summers, Waldmann [1990a] et [1990b].
C’est la conclusion de Walter et Brian [2007a].
Erwin Panofsky (1892–1968) [1927] et [1951].
Voir ci-dessus, p. 9.
Porter [2001].
Sur les incidences de cette distinction pour l’analyse empirique d’un indicateur simple, telle la proportion des deux sexes à la naissance, voir Brian et Jaisson [2007b], p. 292–296.
Cette question de la calculabilité est habituellement traitéc selon la distinction proposéc par Knight entre le risque mesurable et mesuré, et l’incertitude dont rien n’assure a priori qu’elle se prête à la mesure, voir Knight [1921]. À ce sujet, voir Pradier et Teira Serrano [2000] et Pradier [2006]. La distinction posée par Knight touche effectivement le fondement stochastique des phénomènes économiques. Elle n’a toutefois pas lieu de justifier la restriction de l’économic au calculable en 1921, ni à l’inverse le renoncement au calcul économique.
Blanchard et Watson [1984], p. 86. Discuté dans Walter et Brian [2007a].
Le point que nous abordons ici a été longuement étudié par les mathématiciens français de la premièrc moitié du xxe siècle, et tout particulièrement par Paul Lévy (1886–1971) et Mauricc Fréchet (1878–1973). Pour une série de mises au point sur ces questions et des propositions orientées vers le calcul empirique, voir Barbut [2007].
Autant il faut associer le nom d’Adolphe Quetelet (1796–1874) à l’amalgame entre erreur et incertitude, autant il est pertinent de lui reconnaître (et j’y reviendrai) qu’il était particulièrement attentif au fait que le calcul numérique offrait toujours un résultat, fondé ou non. C’est, à propos du calcul de la moyenne, la raison de sa théorie de l’homme moyen. Quetelet [1846], commenté dans Brian [1991] (je ne m’étends pas sur le fait que Quetelet qualifiait ces moyennes d’objectives ou de subjectives afin d’éviter d’entretenir des confusions favorisées par ces emplois périmés).
Barbut [2007].
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Brian, É. (2009). Économie ou finance?. In: Comment tremble la main invisible. Springer, Paris. https://doi.org/10.1007/978-2-287-99665-8_4
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