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«As in all legal translation, precision is the order of the day but every effort should be made to keep the translation as elegant as possible.».

R. Clive Meredith (Alors chef de la division de traduction juridique au ministère des Communications du Québec [32: 67])

Abstract

Translated texts sometimes reflect the writing tradition of the targeted law, but the equivalence of the source legal message, however, must be delivered in the target text. Translating law into a different legal culture cannot be accomplished without comparing laws, whose knowledge is essential to achieving legal equivalence. The way the target text is written should match its culture. Translating law is the moment when languages, cultures and laws meet. To materialize, this encounter has to be based on an ad hoc knowledge of the laws at stake. Then comparative law, translators’ “fellow traveler”, comes into play, preparing them for the exchange. To achieve this, “one only needs two receptions which intersect” (Carbonnier). This move is successful when concepts and notions overlap and the letter of law (substance) and its wording (form) merge, revealing “the spirit of the laws”. Comparative analysis is the way to achieve this result (I). It is conducted here under the light of jurilinguistics with an analysis of terms and concepts presenting various translation difficulties, demonstrating the necessity of comparative law (II). The lessons to be learned are aimed at all language professionals wishing to draw inspiration from the jurilinguists’comparative analysis approach to their work.

Résumé

Le texte traduit reflète parfois la tradition d’écriture du droit visé, mais l’équivalence du message juridique, elle, doit être réalisée. La traduction du droit vers une culture juridique différente ne peut se faire sans une comparaison des droits, dont la connaissance est requise pour réaliser l’équivalence juridique. La forme linguistique du texte cible doit néanmoins correspondre à sa culture. La traduction juridique est alors le point de rencontre entre langues, cultures et droits. Pour advenir, cette rencontre doit reposer sur une connaissance ad hoc des droits en présence. Entre alors en jeu le droit comparé, «compagnon de route» du traducteur, qu’il prépare à l’échange. Pour le réaliser, «il suffit de deux réceptions qui s’entrecroisent» (Carbonnier). Cette opération connaît le succès lorsque concepts et notions se recoupent et que la lettre du droit (le fond) et son expression (la forme) se fondent, illustrant «l’esprit des lois». L’analyse comparative est le moyen d’atteindre ce résultat (I). Elle est conduite ici sous l’éclairage de la jurilinguistique par l’analyse de termes et notions présentant diverses difficultés de traduction, démontrant la nécessité du droit comparé (II). Les leçons à en tirer s’adressent aux langagiers désireux de s’inspirer de la méthode d’analyse comparative de la jurilinguistique dans leurs travaux.

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Notes

  1. En français: la procédure prime le droit [10: 328–329].

  2. Gambaro, Sacco [17: 21–22].

  3. Popovici [38: 223–236]; Arbour [2]; Morin [34: 645–664]; Brierley [4: 103].

  4. Cité dans Malaurie [29: 217].

  5. Ibid.

  6. [5: 184, note 1].

  7. [5: 441].

  8. [17: 278, note 3].

  9. Dont on pense à la célèbre phrase «le droit doit se modeler sur la réalité» de R. Demogue [14: 188].

  10. Terme rendu, au Canada, par «action collective» ou «recours collectif», et, en France, par «action de groupe».

  11. Si l’opération traduisante, appliquée au droit et à la situation canadienne, est jugée «complexe» par Cornu, c’est parce qu’elle est composée «d’éléments qui entretiennent des rapports nombreux, diversifiés, difficiles à saisir par l’esprit, et présentant souvent des aspects différents» (Trésor). Le comparatiste O. Moréteau, de son côté, observe «l’extrême complexité de la traduction juridique, dont bien peu de juristes ont pourtant conscience» [33: 699].

  12. Sur l’histoire de la traduction du Canada, voir notamment Gouin [24: 28]; Delisle [13]. Sur la traduction juridique, voir Gémar [20: 699], Gémar [21: 7–28], McLaren [31: 21–57].

  13. Concept défini historiquement par Yuval Noah Harari [26: 50]: «L'immense variété des réalités imaginaires que Sapiens inventa et la diversité des formes de comportement qui en résulta sont les principaux éléments constitutifs de ce que nous appelons du nom de 'cultures'.». Le concept de culture juridique ne se donne pas à voir aisément: Herrera [27: 721]; Normand [35: 1–47].

  14. De la traduction juridique, à l’origine, la jurilinguistique s’est graduellement étendue à d’autres champs de la sphère juridique. Voir la bibliographie essentielle établie par le Centre de traduction et terminologie juridiques (CTTJ) de la Faculté de droit de l’Université de Moncton (N.-B.): http://www.cttj.ca/Documents/Monographiesetarticlessurlajurilinguistiquefr.pdf.

  15. Ce qui est la norme, en fait. L’habit trompeur des mots cache très souvent des différences notionnelles entre langues qui, telles l’anglaise et la française, ont beaucoup emprunté l’une à l’autre.

  16. Voir Gémar et Vo [19: 614–618].

  17. Tel est le cas du terme «domicile», comme le souligne le comparatiste J. Vanderlinden: «[…] au départ du mot «domicile» ou ses équivalents il est possible de révéler une variété importante d'idées fort différentes […]» [43: 1063–1064].

  18. Voir à ce sujet en particulier: http://www.univ-paris1.fr/fileadmin/diplome_M2OFIS/OFIS_2013-2014/Articles/Agn%C3%A8s_Druot_-_article_Sorbonne_OFIS.pdf, consulté le 3 mars 2015.

  19. [Sacco, No, 1991, p. 17].

  20. On ne compte plus les ouvrages consacrés aux anglicismes en général; le plus connu est le Dictionnaire des anglicismes de Colpron [6], qui compte près de 5000 entrées. Ils sont moins nombreux dans le domaine juridique. Voir notamment Les anglicismes dans le droit positif québécois de Schwab [41].

  21. OQLF [36], en ligne: http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=4835.

  22. Formulation remplacée, depuis, dans le Code civil du Québec (1991), par l'adverbe «solidairement» (v. p. ex., art. 1334).

  23. En ligne: http://www.laloi.ca/textehist/Code_civil_du_Bas_Canada__d_apr__s_le_r_.pdf.

  24. Voir s.v. «conjointement et solidairement».

  25. Le moteur de recherche consulté (Google) avance quelque… 5,850,000 occurrences!.

  26. En ligne: https://dictionary.cambridge.org/dictionary/english/jointly-and-severally.

  27. En ligne: https://legal-dictionary.thefreedictionary.com/Jointly+and+severally+liable.

  28. Soit: «The state of being bound or obliged in law or justice to do, pay, or make good something; legal responsibility.» (Black’s Law Dictionary).

  29. En ligne: https://nimbus.mcgill.ca/pld-ddp/dictionary/show/21770?source=OBLFR.

  30. En ligne: https://nimbus.mcgill.ca/pld-ddp/dictionary/show/21769?source=OBLFR.

  31. Voir, p. ex.: Fishing and Rcreational Harbours Act—Loi sur les ports de pêche et de plaisance, L.R.C., 1985, ch. F-24, art. 13(1) ; Bills of Exchange Act—Loi sur les lettres de change, R.S.C., 1985, c. B-4, art. 179(1).

  32. En ligne: http://ctdj.ca/outils/lexique-lois-reglements-de-lontario/#lettre_j.

  33. En ligne: http://www.cttj.ca/?page_id=722. Voir aussi: http://www.cttj.ca/Documents/droit_delits/joint_and_several_liability_CTDJ_10F.pdf, où trouver une explication exhaustive des difficultés que posent ces expressions, notamment joint and several liability.

  34. [Davreu 11, p. 20].

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Gémar, JC. L’analyse comparée en traduction juridique, ses enjeux, sa nécessité. Int J Semiot Law 31, 957–975 (2018). https://doi.org/10.1007/s11196-018-9592-7

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