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Clauberg et les Origines de la Langue Philosophique Allemande. Une Lecture de L’Ars etymologica Teutonum (1663)

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Johannes Clauberg (1622–1665)

Résumé

On fait généralement remonter l’allemand philosophique, c’est-à-dire l’allemand en tant que langue de la philosophie, à l’époque de la Frühaufklärung. Christian Thomasius, en décidant un beau jour de Tannée 1687 de faire cours en allemand, passe pour avoir inauguré une nouvelle ère de la philosophie en Allemagne et l’on accorde la plupart du temps à Christian Wolff le mérite d’avoir véritablement fondé le vocabulaire philosophique allemand dans sa série de traités intitulés Vernünfftige Gedancken ..., parus à partir de 1713.2 En réalité, si Thomasius et Wolff ont contribué de manière déterminante à l’établissement de l’allemand comme langue de l’enseignement philosophique, sinon comme langue de la philosophie tout court (dans leur pays), l’histoire de l’allemand philosophique remonte bien plus haut dans le temps -jusqu’à la langue des mystiques du XIVe et du XVe siècle ou à celle des Réformateurs du XVIe. Bien entendu, il ne s’agit pas là de philosophes au sens strict, mais ces auteurs ont tout de même contribué par leurs écrits allemands à forger une langue dans laquelle allait pouvoir s’exprimer un discours philosophique. Rudolph Eucken a montré au siècle dernier déjà tout ce que la terminologie philosophique allemande devait à ces auteurs.3 D’autre part, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’allemand est loin d’être absent de l’enseignement philosophique dans les universités du XVIIe siècle. Certes la langue de la philosophie est le latin, mais ce dernier a bien peu de rapports avec l’idéal d’élégance d’un Valla ou d’un Muret.

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Notes

  1. Johannis Claubergii Ars Etymologica Teutonum e Philosophiae fontibus derivata, id est Germanicarum vocum & origines & praestantiam detegendi, cum plurium turn harum Vernunft, Suchen, Außspruch exemplis, atque exinde enatis regulis praemonstrata. Duisburgi ad Rhenum: Prostant apud Danielem Asendorp, 1663. Sauf mention contraire, les autres ouvrages philosophiques de Clauberg seront cités d’après l’édition des Opera omnia philosophica. Ed. Johann Theodor Schalbruch. Amsterdam: P. et I. Blaeu, 1691 (reprod. photoméc. Hildesheim, 1968).

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  2. Avant ceux de Wolff déjà, un certain nombre de manuels de philosophie ont paru en allemand. On citera pour mémoire les manuels de logique et de morale de Christian Thomasius, parus au cours de la dernière décennie du XVIIe siècle, ou encore le manuel de logique de Christian Weise (Curieuse Fragen über die Logica. Leipzig, 1696). À la même époque, Caspar Bussingius s’insurge contre l’usage du latin dans les sciences, arguant que l’apprentissage de cette langue morte fait perdre beaucoup de temps aux futurs savants (Discours von der Information, so des Verstandes, als des Willens, wie in allen Wissenschaften insgemein, also in der Mathematic insonderheit, Hambourg, [1692]).

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  3. Rudolph Eucken: Geschichte der philosophischen Terminologie, Leipzig, 1879 (reprod. photoméc. Hildesheim, 1964), p. 118 sqq.

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  4. Clauberg semble résigné à ce sujet: “Latinam linguam discentes Germani Germanismos, Gaili Gallicismos vix unquam satis evitare possunt” (Corporis et animae conjunctio, cap. 37, th. 4, in: Opera omnia philosophica, p. 240). Le polygraphe Daniel Morhof va même jusqu’à recommander l’emploi de certains germanismes en latin (v. D. Morhof: Polyhistor. Lübeck, 1747, T. 1,1.3, ch. 4, th. 19 et suiv., p. 579). Rares sont les philosophes qui au XVIIe siècle défendent encore la pureté du latin philosophique, comme le fait Rudolph Goclenius, dans un appendice à son Lexicon philosophicum Graecum (Francfort, 1615, “Sylloge vocum et phrasium quarundam, obsoletarum, minus usu receptarum, nuper natarum, ineptarum [...]” )! Sur la terminologie de la Schulphilosophie, v. notre article “ Suae sunt singulis disciplinis notiones et voces [...]” . Regards sur la terminologie de la Schulphilosophie protestante (1580–1750), paru dans IIOIKIAA. Mélanges offerts à Othon Scholer (Études classiques, publ. par le Centre universitaire de Luxembourg; VIII). Luxembourg, 1996. P. 181–196.

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  5. Ainsi Althusius se sert-il dans sa Politique du terme de regnum pour signifier l’État ou l’entité politique (“ membra regni” — membres constituant l’État). En fait regnum n’est pas le mot latin pour État, Staat. On s’attendrait ici à lire respublica. En recourant à regnum, Althusius traduit Reich, de même racine, qui est l’équivalent pour lui de l’association universelle ou de l’entité politique dont il est question. S’il avait pensé en latin et s’il avait songé à la forme de gouvernement (plutôt qu’à la notion d’État), il n’aurait pas mis regnum, mais imperium. (Johannes Althusius: Politica methodice digesta atque exemplis sacris et profanis illustrata. Herbornae Nassoviorum, 31614 (ibid., 11603), c. XIX, p. 326). Pour ce qui est de la traduction de Reich par regnum, v.a. Justus Georg Schottelius: Ausführliche Arbeit von der teutschen Haubtsprache. Braunschweig, 1663 (reprod. photoméc: Tübingen, 1995, éd. par Wolfgang Hecht), p. 68–69.

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  6. V. notre article Regards sur la terminologie de la Schulphilosophie protestante..., p. 189–190.

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  7. V. à ce sujet le travail remarquable d’Andreas Gardt: Sprachreflexion in Barock und Frühaufklärung. Entwürfe von Böhme bis Leibniz. Berlin et New York, 1994. Gardt rappelle tout ce que Schottelius doit aux études sur le néerlandais de Johannes Goropius, d’Adrianus Schrieckius et de Simon Stevin. Clauberg et son Ars etymologica Teutonum sont toutefois absents de cette étude, de même que plusieurs auteurs auxquels Clauberg attache une grande importance. On trouvera un tableau historique de l’art étymologique en Allemagne chez Johann Georg Eckhart: Historia studii etymologici linguae Germanicae. Hanovre: N. Foerster, 1711.

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  8. Dans sa Differentia inter Cartesianam et in Scholis vulgo usitatam philosophiam, Clauberg énumère les auteurs qui ont à son avis le plus contribué à la réforme de la grammaire: Franciscus Sanctius, Caspar Schoppe, Gerhard Johannes Vossius pour le latin et Justus Georg Schottelius pour l’allemand (Opera omnia philos. II, p. 1221, th. XII). V. ci-dessous, note 43.

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  9. Clauberg rend par exemple res par Ding, aliquid par ichts — l’opposé de nichts, que l’on trouve au XVIe s., p.ex. chez Melanchthon (Entwürfe zur Vorrede der Augsburgischen Konfession, in: Die Bekenntnisschriften der evangelisch-lutherischen Kirche, Göttingen 111992, p. 41,1.44 “[...] ehe dann Luther ichts geschrieben” — c’est-à-dire “irgendetwas” ), substantia par ein selbständig ding, etc. (Ontosophia nova quae vulgo Metaphysica... Duisburgi ad Rhenum, 1660, th. 8, p. 3, th. 24, p. 9, th. 41, p. 17).

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  10. Logica vetus et nova II, cap. 17, th. 125–126 {Opera omnia philos. II, p. 841).

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  11. Un principe qu’observe également Descartes, comme le fait remarquer Clauberg dans son De cognitione Dei et nostri [...] exercitationes centum (Exerc. 47, in: Opera omnia philosophica II, p. 670).

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  12. V. p.ex. Logica vetus et nova IV, c. 8 (Opera omnia philos. II, p. 882) et Logica contracta, th. 247 (Opera omnia philos. II, p. 933).

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  13. “Usus logicae in orthographia Germanica” , in: Logica contracta (1659), in fine. Reprod. dans Opera omnia philosophica, II, p. 935–936.

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  14. “Herculaneum opus” , observe Hennin (T. I, p. [23]). On ne peut évidemment s’empêcher de faire ici le rapprochement avec le De causis linguae Latinae libri XIII de Jules César Scaliger (Lyon, J1540; cité dans la suite d’après l’éd. de Heidelberg, 1580). L’influence de cet ouvrage se manifeste entre autres dans l’article etymologia du dictionnaire de Rudolph Goclenius (Lexiconphilosophicum, Francfort, 1613, p. 170 et suiv.). Si Clauberg ne se réfère pas directement à la conception scaligérienne (arbitrariste) de l’étymologie, le traitement philosophique de l’étymologie dans l’Ars etymologica Teutonum s’inspire par contre vraisemblablement de Scaliger et est en tout cas plus proche des thèses scaligériennes que de la conception essentialiste de Schottelius (v. ci-dessous, p. 98, et note 30, ainsi que p. 103, et note 57).

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  15. Godofr. Gulielmi Leibnitii Collectanea etymologica. Hanoverae (N. Foerster), 1717 (reprod. photoméc. Hildesheim, 1970).

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  16. Collectanea etymol., Praefatio ad lectorem, p. 32.

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  17. Après des études de théologie à Marbourg, Johann Heinrich Schminck (ou Sminck), 1588–1725, a séjourné à Utrecht (1715) et à Brème (1716), avant de devenir prédicateur à Cassei. Il est nommé professeur de grec à Rinteln en 1717. C’est vraisemblablement lors de son séjour à Utrecht qu’il fait la connaissance de Petrus Burman, fils de Franciscus Burman l’Ancien. (Christian Gottlieb Jöcher, Allgemeines Gelehrten-Lexicon, T. IV, Leipzig, 1751, col. 306–307 et T. I, Leipzig, 1750, col. 1503). Seuls les trois premiers livres du De causis linguae Germanicae ont été achevés par Clauberg, aux dires d’Eckhart (Coll. etymol., p. 32). En 1711, lors de la parution de son Historia studii etymologici linguae Germanicae, Eckhart en était encore à souhaiter vivement que les héritiers de Clauberg veuillent bien lui communiquer le manuscrit du De causis linguae Germanicae et il ignorait l’existence d’un “dictionnaire étymologique” , dont il est pourtant question dans des notes de l’édition des Opera omnia philosophica (v. p.ex. t. II, p. 601, Exercitado 4, note b).

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  18. Matthias Martinius: Lexicon philologicum praecipue etymologicum et sacrum. Brême, 1623 (nouv. éd. Francofort, 1651 et Utrecht, 1697, cité dans la suite d’après l’éd. de 1697).

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  19. Collectanea etymol., Praef., p. 32–33. Comment néanmoins ne pas poursuivre le parallèle avec Scaliger dont un autre volumineux ouvrage consacré aux origines de la langue latine n’a jamais trouvé d’éditeur et dont le manuscrit a été perdu après la mort de l’auteur, comme ce fut le cas du dictionnaire de Clauberg? (V. Gilles Ménage: Les origines de la langue françoise. Paris, 1650, “Épistre à Monsieur du Puy” , f. [4] r°, et D. Morhof: Polyhistor, 1.1, I. 4, ch. 9, n. 2, p. 817).

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  20. V. p.ex. Exercitationes de cognitione Dei et nostri, Exerc. 4 (Opera omni philosophica II, p. 601, note b); Exerc. 59 (ibid., p. 688, note f); Exerc. 11 (ibid. p. 728).

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  21. Ars etymologica Teutonum, p. 32. Louvrage (également perdu) de Valerius Messala Corvinus, cité par Quintilien (Inst. 1.7,23 et 35) traitait de l’élision de la lettre s finale en latin, lorsque le mot suivant commençait par une voyelle (v. Pauly-Wissowa, II.15.2, col. 157).

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  22. V A. Gardt: Sprachreflexion..., p. 129–188. Lauteur étudie en particulier la conception ontologico-patriotique de la langue (allemande) développée principalement par Schottelius et von Zesen. Cette théorie présuppose l’existence de racines propres à la langue allemande, dont la signification serait fondée dans les choses mêmes autant que dans le locuteur, mais elle se caractérise en fait par une surestimation idéologique de la langue allemande, c’est-à-dire que ces auteurs ne se fondent pas uniquement sur des critères proprement philologiques pour affirmer la primauté de l’allemand sur les autres langues.

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  23. On retiendra que l’Ars etymologica paraît la même année que Yopus magnum de Schottelius, l’Ausführliche Arbeit von der teutschen Haubtsprache. L’ouvrage de Clauberg a fait l’objet d’un article de John T. Waterman (“ Johann Clauberg’s Ars etymologica Teutonum (1663)” , in: Journal of English and Germanic philology 72 (1973), p. 390–402) qui ne rend malheureusement pas du tout compte de l’horizon philologico-philosophique de l’essai de Clauberg. En outre Waterman qui traduit et commente une à une les règles de l’étymologie allemande établies par Clauberg s’arrête à la vingtième règle (p. 34 du texte) et omet de traiter du reste de l’ouvrage.

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  24. G.W. Leibniz: Coll. etymol. Pars II, V, p. 187–252.

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  25. Les oeuvres de ce disciple d’Alstedt et défenseur de la combinatoire luUiste (1605–1655) ont fait l’objet d’une réédition deux ans avant la parution de YArs etymologica Teutonum: Bisterfeldus redivivus, seu Operum Jo. Henrici Bisterfeldii tomus I et I. La Haye, 1661.

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  26. Dans son Historia studii etymologici linguae Germanicae, Eckhart se montrera très critique à l’égard de ces lexicographes dont il passe en revue les principaux au chapitre 2 (“ De iis, qui linguam Germanicam cum aliis linguiis compararunt” , p. 22–36).

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  27. “qua linguae praesertim Germanicae vocabulorum origines, proprietates, elegantia, euphonia, orthographia demonstrentur” (p. 3). Schottelius définit l’étymologie (“ Wortforschung” ) à la même époque en grammairien: “Etymologia in lingua Germanica est, quae vocum origines, naturam, flexiones, derivationes et compositiones inquirit.” In: Ausführliche Arbeit von der Teutschen Haubtsprache I, lib. II, cap. 2, p. 181, th. 4.

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  28. V. p.ex. Cassiodore, Institutio de arte grammatical “est ut vera aut verissimilis demonstratio declarans, ex qua origine verba descendant” (Grammatici Latini. Ed. H. Keil, t. VII, Leipzig, 1880, p. 215).

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  29. “Nominis hujus causas in Germania quaerendas [...]” (p. 5).

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  30. Scaliger désigne par étymologie la vocis ratio (De causis linguae Latinae, lib. 13, cap. 186, p. 463).

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  31. Opera omnia philos. I, p. 307, th. 152. V.a. R. Goclenius, Lexicon philosophicum, p. 84, article allusio, qui rappelle que cette distinction est faite par Andrea Alciati dans son De verborum significationibus libri quatuor (Lyon, 1530) et par Johann Oldendorp dans Topicorum legalium...exactissima traditio (Lyon, 1555). Va. Bartholomaeus Keckermann: Systema logicae, lib. I, Sectio posterior, cap. 1 (Opera omnia quae extant. Genève, 1614. T. I, p. 647).

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  32. Ontosophia (1647) III, th. 202–203, p. 223–224.

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  33. Ontosophia (1647) I, th. 89, p. 29; v.a. Jacob Thomasius: Historia variae fortunae, quam Metaphysica experta est, imprimé à la suite des Erotemata metaphysica pro incipientibus. Leipzig, 1670, p. 78. Sur l’utilité des dictionnaires, surtout étymologiques, selon Clauberg, v. Logica vetus et nova III, c. 5, th. 27 (Opera omnia philos. II, p. 849).

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  34. Ontosophia (1647) III, th. 202, p. 223. Notons que dans cette première version de l’Ontosophie, Clauberg parle encore de traces (vestigia) des choses dans les mots, ce qui fait transparaître un essentialisme abandonné plus tard.

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  35. Francis Bacon: De augmentis scientiarum. Lib. VIII, cap. 2, parabola 34 (Éd. de R.L. Ellies et D.D. Heath. Vol. 1. Londres, 1858, p. 769). Notons que les observations de Bacon ne portent pas sur l’étymologie et que Clauberg inverse l’ordre des idées du passage cité.

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  36. Sur l’usage de l’exemple dans la méthode, v. Logica vetus et nova I, cap. 15 (Opera omnia philos. II, p. 807–809) et Defensio cartesiana, cap. 14, th. 15 (Opera omnia philos. II, 988).

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  37. Cette règle aristotélicienne (v. Physique 1.1) est formulée dans la Logica contracta, th. 192: “[...] et argumentandi et ordinandi perpetua regula est, ut a notioribus ad ignotiora progrediamur, cum ignotum non nisi benefício alicujus noti addiscatur.” (Opera omnia philos. II, p. 927); v.a. Logica vetus et nova, I, cap. 14, th. 151 (Opera omnia philos. II, p. 805).

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  38. Loi d’homogénéité, v. Logica contracta th. 253 (Opera omnia philos. II, p. 933) et Defensio cartesiana XVI, 14 (Opera omnia philos. II, p. 995). Goclenius avait déjà appliqué la même règle dans l’article etymologia de son Lexicon philosophicum: “Si de duabus, aut tribus [etymologiis] quaeras, utra vel quae verior sit? Resp. praeferendam vicinam seu propinquam remotae, earn quae per se est, accidentali [...]” (p. 171).

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  39. Il s’agit de l’application de la règle selon laquelle “simplicia magis compositis, propinqua remotioribus, pauca multis prius esse cognoscenda” (Logica vetus et nova, I, cap. 10, th. 112, Opera omnia philos. II, p. 798; v.a. ibid., th. 115). Clauberg rappelle cette règle plus tard (Logica vetus et nova IV, cap. 15, th. 151): “Quodlibet dogma sive Theologicum, sive Philosophicum, sive Juridicum, etc., suis nititur causis et rationibus ac proximis, e quibus explicandum ac probandum est, non ex generalibus et remotis.”

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  40. V. en particulier Varron, De lingua Latina VIII, 63 et suiv., surtout VIII, 67 et suiv.

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  41. “Cum etymologia Germanica non desit, supervacuum est externam quaerere [...]” (M. Martinius Lexicon philologicum, T. II, p. 511).

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  42. Justus Georg Schottelius: Teutsche Sprachkunst. Braunschweig, 1641 (ibid. 21651). On trouvera des références à cet ouvrage p.ex. dans YOntosophia (éd. de 1664) (Opera omnia philos. I, p. 312, note z) et dans YExercitatio 11, note b, (Opera omnia philos. II, 728).

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  43. “[...] unicum Schottelium ad perfectionem Germanicae Linguae plus tribuisse quam omnes alios, qui id a tempore usque Imperatoris Caroli Magni tentaverunt.” (Opera omnia philos. II, p. 1221, th. XII).

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  44. V. Johann Heinrich Alsted: Encyclopaedia. Herborn, 1630 (reprod. photoméc. avec une introd. de W. Schmidt-Biggemann, Stuttgart-Bad Cannstatt, 1989). T. I, lib. 5, cap. 5 “De Lexicis radicum harmonicis in genere” (p. 135 et suiv.), et cap. 6 “Exhibens praecipuas radices linguae Hebraicae” (p. 136–157).

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  45. Ceci ne signifie pas que Clauberg conteste l’antériorité de l’hébreu sur les autres langues: (“ linguarum prima aut parum ab ea” ), ni qu’il soit possible, le cas échéant, de dériver des mots allemands à partir de mots hébreux, comme il le signale dans l’Exercitatio 59 (Opera omnia philos. II, p. 689–690, où il s’appuie sur l’exemple de Gipfel — κ ε φ α λ ή — ףנ (ou plus exactement: פנ-Üע, “en haut” , Prov. 9.3).

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  46. Nous dirions aujourd’hui: un préfixe. Sur le terme de praepositio désignant une particule accolée à un autre mot, v. entre autres Aulu-Gelle: Noct. att. IV. 17 et Priscien, Institutions grammaticae, 1.14 “De praepositione” : “Est igitur praepositio pars orationis indeclinabilis, quae praeponitur aliis partibus vel appositione vel compositione.” (éd. H. Keil. Vol. 2. Leipzig, 1859, p. 24). V.a. Caspar Schoppe: Grammatica philosophica (11628). Éd. de Joh. Christian Herzog. Augsbourg, 1712, p. 19–20 (“ Praepositio [...] Alia Casualis, quae casibus natura sua praeponitur; alia Compositiva, quae cum aliis vocibus composita unum vocabulum efficit.” ) et J.G. Schottelius, Ausführliche Arbeit, I. II, ch. 16, “ Von dem Vorworte, de praepositione”.

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  47. Dans son Ausführliche Arbeit, lib. V, tract. 6, p. 1437, Schottelius est obligé de capituler devant l’étymologie de Vernunft: “Vernunft [...] ist ein compositum, ob praepositionem ver/quid nunft sit, incertum est [...]” . Ainsi Clauberg a-t-il quelque raison d’être fier, lorsqu’il annonce au début de son Ars etymologica que personne encore n’a trouvé les vraies origines des mots dont il va entreprendre l’étude (“ Vernunft [...], Suchen [...], Sprechen [...], quarum quidem Germanicarum vocum origines veras nemo quod sciam hactenus detexit” , p. 3).

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  48. Clauberg se sert ici abondamment du dictionnaire de Cornelius Kiliaan (Etymologicum Teutonicae linguae. Anvers, 1599).

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  49. Selon la “règle de la logique” que Clauberg emprunte à Quintilien “A potiori fit denominatio” (v. J. Waterman, “J. Clauberg’s Ars etymologica Teutonum” , p. 395).

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  50. Ontosophia (1660), th. 61, p. 25–26, et th. 64, p. 27.

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  51. Ontosophia (1660), th. 64, p. 27.

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  52. V. Isidore de Seville: Etymologiarum sive originum libri XX, I. 29, 3. On retiendra avec Matthias Martinius que l’hébreu offre une origine similaire de םרא, à savoir: הםדא, terre rougeâtre (Lexicon philologicum, Utrecht, 1697, T. I, p. 573, article “homo” ).

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  53. Pas plus que J. Waterman nous n’avons trouvé caelispeculator pour poisson-loup. Ce poisson également appelé callionymus est décrit par Martinius comme “ qui [...] coelum contemplatur” (Lexicon philologicum, article uranoscopus); v.a. Pline, Hist. nat. XXXII, 69 et 146.

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  54. Clauberg avait déjà observé dans sa Logica vetus et nova (IV, cap. 6, th. 45, Opera omnia philos. II, p. 876–877) que l’allemand distingue mieux entre l’homme (Mensch) et la bête (Tier, correspondant au grec θήρ) que le latin, qui avec le nom générique d’animal désigne à la fois l’homme et la bête, ce qui peut conduire, d’après Clauberg, à une conception erronée du droit naturel dérivée de la nature universelle de l’animal, une critique dirigée peut-être contre Ulpien (Dig. 1,1,1), plus vraisemblablement contre la tradition thomiste (v. Thomas d’Aquin: S. theol. la IIae, qu. 91, a 1 et 2).

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  55. V. à ce sujet également Metaphysica de ente quae rectius Ontosophia. Amsterdam 1664, p. 109 (note sur le no 229: “Eleganter Germani, perinde ut Hebraei, actus immanentes aut quasi tales a transeuntibus ipsa verborum forma et sono distinguunt. Ex. gr. hangen est pendere, haerere, inde deductum hänken est pendere facere, suspendere. Ligen est jacere, at legen et ponere seu facere ut res jaceat [...]” , Opera omnia philosophica I, p. 322, note n).

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  56. V. A. Gardt: Sprachreflexion..., p. 129–188.

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  57. C’est le terme quelque peu impropre dont se sert Gardt pour désigner l’essentialisme de l’étymologie d’un Schottelius par opposition à l’arbitrarisme d’un Scaliger.

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  58. La règle K stimpule que toutes les voyelles peuvent permuter entre elles, tandis que la règle L précise que la voyelle la plus commune de la langue allemande est le “e” (p. 26–27).

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  59. Plus tard, Clauberg tirera de cette observation des grandes et petites voyelles une autre règle (W), selon laquelle, en variant certaines voyelles, il est possible de désigner plusieurs objets différents avec un même mot, tout en indiquant des rapports de grandeur entre ces objets. Ainsi Kiste (petite boîte), Kasten (grande boîte), spannen (exigeant un grand effort), spinnen (exigeant un moindre effort) (p. 37–38).

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  60. Dans la liste de racines allemandes (“ Stammwörter) que Schottelius produit au livre V de l’Ausführliche Arbeit (p. 1277–1450) figurent des noms, des verbes, des adjectifs, des adverbes, des prépositions, etc. Pour ce qui est de la racine des verbes allemands, Schottelius pense qu’elle est exprimée dans Yimpératif. Comparé aux autres temps et modes du verbe, l’impératif exprime par sa concision tout ce qu’on peut attendre d’une racine et se rapproche par sa simplicité (et son caractère souvent monosyllabique, ce qu’avait déjà souligné Goropius) le plus des commencements de la langue naturelle (v.a. Ausführliche Arbeit, p. 61, th. 34 et p. 1274, th. 6). Dans sa Differentia inter Cartesianam et in Scholis vulgo usitatam philosophiam, Clauberg insiste lui aussi sur les avantages d’une langue dont la plupart des racines seraient monosyllabiques (th. 67, Opera omnia philos. II, p. 1232).

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  61. De cognitione Dei et nostri. Exercitatio 73, th. 17–18 (Opera omnia philos. II, p. 722); Ontosophia nova (1660), p. 79, th. 175. L’éd. de L’Ontosophia de 1664 renverra en note à Schottelius (p. 104, note sur la th. 175, de même l’éd. des Opera omnia philos., II, p. 712, note z).

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  62. Les listes de Clauberg ne correspondent pas aux exemples de Schottelius qui cependant donne également Zuchthaus — Hauszucht (ausführliche Arbeit, p. 403); v. Ontosophia (1660), th. 286, p. 70.

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  63. Cette règle, pour séduisante qu’elle apparaît en annonçant la possibilité d’une combinatoire, n’a cependant rien d’original, puisque Schottelius décrit à la même époque cette qualité de la langue allemande et qu’avant lui Johannes Goropius et Simon Stevin — cités par Schottelius — en avaient fait autant. V. J.G. Schottelius: Ausführliche Arbeit, lib. 2, cap. 12 “ Von der Doppelung” (De compositione nominis), p. 398 et suiv., surtout p. 400–401 (avec une longue citation de Goropius) et p. 409 (citation de Stevin).

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  64. V. ci-dessus, p. 103.

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  65. V. Differentia inter Cartesianam et in Scholis vulgo usitatam philosophiam, th. 65 (Opera omnia philos. II, p. 1231).

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  66. Notae breves in Renati des Cartes Principia philosophiae. Pars III, ad art. 53 (Opera omnia philos. I, p. 537–538) et surtout Pars IV, ad art. 44 (Opera omnia philos. I, p. 566), où Clauberg rappelle que la science des mots n’ajoute rien à notre connaissance des choses: “Discimus ex hac methodo, quod nominum scientia nihil ad rerum hujusmodi notitiam faciat. Contra eos, qui omnem nostram scientiam ex nominibus hauriendam esse existimant, ut etiam putat Hobbes.”

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  67. Exercitado 76, th. 2–3 et Exercitatio 77, th. 2 (Opera omnia philos. II, 726–727).

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  68. Exercitatio 11, th. 2: “Meliora sunt vocabula, quae rebus tribuuntur in ordine ad alios hominum affectus, ut cum Germani häßlich /hoc est, turpe, nuncupant ab hassen/id est odisse (quia turpe est odibile, ut sic loquar, weil es zu hassen ist/objectum odii est, ut pulchrum amoris) quoniam et amor et odium sequuntur cognitionem rei.” (Opera omnia philos. II, p. 727).

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  69. Sur Scaliger et sur l’arbitrarisme au XVIIe et au XVIIIe s., de Bacon à Christian Wolff, en passant par la Grammaire de Port-Royal, Locke et Leibniz, v. A. Gardt, Sprachreflexion..., p. 252–253.

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  70. Ce qui n’empêche pas Clauberg d’observer à l’occasion une forte corrélation entre un peuple et sa langue, p. ex. entre les Allemands, ennemis du verbiage, mais aussi naturellement tournés vers les choses concrètes, et leur langue allemande, d’une “concision diamantine” (Differentia inter Cartesianam et in Scholis vulgo usitatam philosophiam, th. 67, Opera omnia philos. II, p. 1232).

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  71. J.G. Eckhart: Historia studii etymologici linguae Germanicae, chap. 27, p. 225–230.

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  72. Nous avons déjà cité à plusieurs reprises la traduction latine (Differentia inter Cartesianam et in Scholis vulgo usitatam philosophiam) parue d’abord à Groningue en 1679 et reprise dans les Opera omnia philos. (II, p. 1217–1235).

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  73. Differentia inter Cartesianam et in Scholis vulgo usitatam philosophiam, art. 67 (Opera omnia philos. II, p. 1232).

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Weber, C. (1999). Clauberg et les Origines de la Langue Philosophique Allemande. Une Lecture de L’Ars etymologica Teutonum (1663). In: Verbeek, T. (eds) Johannes Clauberg (1622–1665). Archives Internationales d’Histoire des Idées / International Archives of the History of Ideas, vol 164. Springer, Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-94-015-9237-6_6

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