Résumé
Peut-être Ernest Renan, ce connaisseur très sûr des mystères de la religion, n’avait-il pas tort quand il décrivait comme un « rêve pénible » les péripéties tourmentées du conte blasphématoire des trois imposteurs 2. Sa définition, conçue en liaison avec la diffusion de ce thème dans l’averroïsme et dans la culture du xiii e siècle, rend compte mieux encore de l’énigme d’un livre De tribus impostoribus, qui fut l’obsession du monde cultivé et libertin des xvi e et xvii e siècles. La curiosité fébrile qui poussait à la recherche de cette œuvre, les dissertations longues et fantaisistes au sujet de son existence, se nourrissaient de passions érudites, d’un goût d’impiété et de l’espoir presque jamais avoué de voir dévoilé le mensonge sur lequel les législateurs, Moïse, Mahomet et Jésus édifièrent les trois grandes religions de l’histoire.
Je remercie tous les participants à ce séminaire pour la vivacité et la qualité de leur contribution, et en particulier Constance Blackwell et Richard Popkin sans l’initiative desquels celui-ci n’aurait pu se réaliser. Je remercie aussi Thérèse Boespflug qui s’est chargée de cette traduction. Toutes les citations entre parenthèses de l’Esprit de Spinosa, comprennent une référence au chapitre et à la numération latérale de mon édition critique franco-italienne, Trattato dei tre impostori: La vita e lo spirito del Signor Benedetto de Spinoza, Torino, Einaudi, 1994.
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Références
Cf. E. Renan, Averroès et l’averroïsme, Paris, 18663, p. 295.
Sur le double aspect d’une grande partie des oeuvres du libertinage érudit, synthétisé dans l’expression « sceptical fideism », cf. l’étude classique de R. H. Popkin, The history of scepticism from Erasmus to Spinoza, Berkeley—Los Angeles, 1979 (version élargie du livre précédent The history of scepticism from Erasmus to Descartes, Assen, 1960 ).
Le débat sur les origines de l’athéisme s’est enrichi récemment d’importantes contributions. Voir entre autres, M. J. Buckley, At the origins of modern atheism, New Haven, 1987;
D. Berman, A history of atheism in Britain, London, 1988; M. Hunter, « The problem of « atheism » in early modern England », in Transactions of the Royal Historical Society, 5th ser., 1985, pp. 135–157. Certains travaux présentent une interprétation critique particulière, mais d’orientation assez différente, ce sont ceux de D. Wootton, « Lucien Febvre and the problem of unbelief in the early modern period », in Journal of modern history, LX, 1988, pp. 695–730, et A. C. Kors, Atheism in France, 1650–1729, t. 1: The orthodox sources of disbelief, Princeton University Press, 199o. La contribution la plus récente de Wootton développe d’importantes considérations sur le statut de la « preuve » dans l’étude de l’incroyance; voir de cet auteur « New histories of atheism » in M. Hunter—D. Wootton (eds.), Atheism from the Reformation to the Enlightenment, Oxford, 1992, pp. 13–53
Pour un nouvelle évaluation de ce concept dans le contexte de la politique baroque, voir R. Villari, Elogio della dissimulazione: La lotta politica nel Seicento, Bari, 1987. Pour une enquête sur le thème de la dissimulation dans divers milieux intellectuels, cf. Perez Zagorin, Ways of lying, Cambridge, Mass., 1990, voir en particulier le chapitre « Libertinism, unbelief, and the dissimulation of philosophers », pp. 289–330.
C’est la célèbre expression forgée par R. Pintard donnée en titre à son livre Le libertinage érudit dans la première moitié du XVII e siècle, Paris 1943.
Cf. J. J. Denonain, «Le Liber de tribus impostoribus du XVI’ siècle», in Aspects du libertinisme au XVI’ siècle, Paris, 1974, pp. 215–226;
M. Gericke, «Die Wahrheit über das Buch von drei Betrügern», in Theologische Versuche, t. 4, pp. 89–114, Berlin, 1972;
über Handschriften des Buches «De tribus impostoribus» Von den drei Betrügern», in Marginalien: Zeitschrift fur Buchkunst und Bibliophilie,vier-und fünfzigst Heft, 1974;
Quellen, Ausgewählte Texte aus den christlischen Kirche, Neue Folge, Wolfgang Gericke «Das Buch «De tribus impostoribus»;
G. Ernst, Religione, ragione e natura: Ricerche su Tommaso Campanella e il tardo Rinascimento, Milano, 1991, pp. 105–133;
E Berriot, Athéisme et athéistes au XVI’ siècle en France,t. i, Lille, 1985, PP. 305–590
Voir E. Niewöhner, Veritas sive Varietas: Lessings Toleranzparabel und das Buch von den drei Betrügern, Heidelberg, 1988, pp. 370–374.
Sur la vie de Lucas, voir W. Meyer, «Jean Maximilien Lucas », in Tdschrift voor Boek-en Bibliotheekwezen,1906, pp. 221–227, et du même auteur, l’article «Lucas» dans P. C. MolhuysenP. J. Blok, Nieuw nederlandsch biografisch woordenboeck,Leiden, 1918, Vierde Deel, pp. 934–936.
Io. Sur Bayle lecteur et interprète de Spinoza, voir P. Vernière, Spinoza et la pensée française avant la Révolution, Paris, P.U.F., 1982 (1954), pp. 287–306, et les pages incisives de Kolakowski, «Pierre Bayle, critique de la métaphysique spinoziste de la substance », in P. Dibon (éd.), Pierre Bayle, le philosophe de Rotterdam, Amsterdam, Elsevier, 1959, pp. 66–80. Cf. aussi A. Corsano, « Bayle e Spinoza », in Giornale critico della filosofia italiana, 56, 1977, pp. 319–326.
Voir à ce sujet S. Berti, «La Vie et l’Esprit de Spinosa (1719) e la prima traduzione francese dell’Ethica »,in Rivista storica italiana,1986, I, pp. 5–46. Une version plus développée de cette recherche existe en anglais dans M. Hunter—D. Wootton (éds.), Atheism from the Reformation to the Enlightenment, cit.,pp. 183–230.
Universiteits-Bibliotheek Leiden (désormais citée UBL), March. 47, lettre de Heinzelmann à Marchand du 23 mars 1749.
Pour une vue générale sur la biographie et de l’activité de Marchand, cf. Ch. BerkvensStevelinck, Prosper Marchand: La vie et Pieuvre (1678–1756), Leiden—New York—Kobenhaven—Köln, 1987.
Cf. Marchand, «Impostoribus (Liber de Tribus)», in Dictionnaire historique, La Haye, 1758, t. 1, p. 325.
Marchand, «Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 324.
Sur Rousset dont la biographie traverse tout le volume, voir aussi M. C. Jacob, The radical Enlightenment: pantheists, Freemasons and republicans, London, 1981. Au sujet de l’activité maçonnique de Rousset est paru un volume édité par la loge hollandaise, de W. Kat, Een grootmeestersverkiezing in 1756, s.l., 1974. Encore d’un grand intérêt l’analyse consacrée à Rousset, et surtout à son ouvrage Les Intéréts présents et les prétentions des puissances de l’Europe (1733), par F. Meinecke dans Die Idee der Staaträson in der neuere Geschichte, München—Berlin, Oldenburg, 1957, pp. 302–320, que M. C. Jacob, curieusement, n’a pas entendu utiliser.
On doit à Aymon, qui fut accusé, semble-t-il, de vol de manuscrits à la Bibliothèque Royale de Paris, plusieurs ouvrages de caractère religieux et politique comme le Tableau de la cour de Rome, La Haye, 1707, et les Lettres historiques contenant ce qui s’est passé de plus important en Europe de puis l’an 1712 jusqu’en 1718, La Haye, 1719. Cf. Haag, La France protestante, Genève, Slatkine Reprints, 1966, t. 1, pp. 202–204. D’autres oeuvres peuvent lui être attribuées sur la foi des notes manuscrites de Marchand dans UBL, March. 71, f. 28.
Marchand, «Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 325.
Sur Leers voir O. S. Lankhorst, Reiner Leers (1654–1714), uitgever dr boekverkoper te Rotterdam, Maarssen, 1983.
Voir sur lui E. E Kossmann, De boekhandel te ‘s-Gravenhage tot het eind van de 18de eeuw, ‘s-Gravenhage, M. Nijhoff, 1937, pp. 239–241.
Marchand, «Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 325. On conserve à Leyde un exemplaire de la traduction française du Tractatus, Traité des cérémonies superstitieuses des juifs, Amsterdam, 1678 (UBL, 512 G. u), annoté par Levier.
Cf. le catalogue de la vente aux enchères de sa bibliothèque privée Catalogus librorum bibliopoli Caroli Levier,Hagae Comitum, Apud Viduam Caroli Levier, 1735 pp. 94-95.
Lettre a Monsieur Bouhier Président au Parlement de Dijon, sur le prétendu livre des trois imposteurs in Menagiana ou les bons mots et remarques critiques, historiques, morales et d’érudition, de Monsieur Menage. Recueillies par ses amis,Paris, F. Delaulne, 3e éd., t. IV, pp. 283–312.
L’attribution à Arpe (1682–1748) de la Réponse,démentie par J. Presser, Das Buch « De tribus impostoribus», cit.,pp. 94–95, du fait que Arpe ignorait le français, avait été déjà niée par Marchand: «On attribue cette Pièce à Mr Arpe; et on lui fait tort. D’ailleurs, il n’écrit point en François ». Cf. l’article «Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 323, note 71.
J. Rousset de Missy, Réponse à la Dissertation de Mr. de La Monnoye, sur le Traité des trois imposteurs, Leyde, 1716, p. 132 (je cite à partir de la réédition de 1777 du Traité par Pierre Rétat, déjà cité). Toutes les éditions du Traité, à partir de 1768, comportent aussi les textes de La Monnoye et de Rousset. Il y eut une première édition séparée de la Réponse publiée à La Haye, Scheurleer, 1716, conservée à la Koninklijke Bibliotheek de La Haye. Sur les pages de 1’Umständlichen Bücher-Historie de Leipzig son éditeur recensa la Réponse et en publia certaines parties. Cf. A. Kobuch, «Aspekte des aufgeklärten bürgerlichen Denkens in Kursachsen in der ersten Hälfte de 18. Jh. im Lichte der Bücherzensur », in jahrbuch für Geschichte, 1979, p. 264.
Lettre de Fritsch à Marchand datée à Leipzig, 7 novembre, 1737 (UBL, March. 2).
Lettre extraite des Mémoires de littérature, La Haye, du Sauzet, 1716. In P. Rétat (éd.), Traité, cit., pp. 148–149. Marchand, « Impostoribus », in Dictionnaire, cit., p. 324.
O. Marchand, «Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 324.
Ibidem,p. 324, n. 79.
UBL, March. 2, Lettre de Fritsch à Marchand du 17 janvier 174o.
Marchand, « Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 325. Après cette triste destruction, les copies restantes du volume se vendaient au prix astronomique de 5o florins. Une note de l’Avertissement dans un manuscrit de La Vie et l’Esprit conservée à Göttingen, Hist. Lit. 42, dit que 7o exemplaires furent imprimés lors de l’édition de 1719, « à l’exemple de 7o Apôtres ».
La Vie de Spinosa, par un de ses disciples: Nouvelle édition non tronquée, augmentée de quelques notes et du catalogue de ses écrits, par un autre de ses disciples,a Hambourg, chez Henry Kunrath, 1735. A la fin du livret se trouve un Recueil alphabétique des auteurs, et des ouvrages condannés au feu, ou qui ont merité de l’être. Parmi ceux-ci, la Bible, le Talmud et quelques écrits en faveur de la bulle Unigenitus (!). Cette Vie de 1735 est aussi présente dans la Spinoza Collection de l’University Research Library (A4L96/1735)•
Marchand, «Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 324.
Philomneste Junior [P. Brunet], Le Traité des trois imposteurs,Paris—Bruxelles, 1860. Cf. aussi J. C. Brunet, Manuel du libraire,1864, 5° éd., t. V, pp. 944-945•
Cf. K. O. Meinsma, Spinoza en z,in kring: Historisch-kritische studiën over Hollandsche vrjgeesten,‘s-Gravenhage, 1896. Nous citons d’après la récente traduction française enrichie de notes et de détails: Spinoza et son cercle,Paris, Vrin, 1983, pp. 6–9 et passim.
Cf. J. Freudenthal, Die Lebengeschichte Spinozas in Quellenschriften Urkunden und nichtamtlichen Nachrichten,Leipzig, Veit zhaohuan Comp., 1899, pp. 1–25 et 239–245.
Voir S. von Dunin-Borkowski, « Zur Textegeschichte und Textkritik der ältesten Lebensbeschreibung Benedikt Despinozas », in Archiv für Geschichte der Philosophie,18, 1904, pp. 1–34. Grâce à l’étude de plusieurs manuscrits et pour des raisons de critique interne Dunin-Borkowski réussit à fixer la date de la composition de la Vie de Lucas à 1678 (art. cit.,pp. 20–21). Voir encore, J. Freudenthal, «Über den Texte der Lucasschen Biographie Spinozas », in Zeitschrift für Philosophische Kritik,vol. 126, 1905, pp. 189–208, et du même auteur, Spinoza, sein Leben und seine Lehren, Heidelberg, 1927 (1904), t. i, pp. 256–258 et 313–314. Et aussi de Dunin-Borkowski, Der junge De Spinoza: Leben und Werdegang im Lichte der Westphilosophie,Münster, 1933 (191o), pp. 46–51 et 530532. Enfin C Gebhardt, Spinoza: Lebensbeschreibungen und Gespräche,Hamburg, 1914.
J. Presser, Das Buch «De tribus impostoribus» (Von den drei Betrügern),Amsterdam, p. 126.
The oldest biography of Spinoza, edited with translation, introduction, annotations by A. Wolf, London, Allen zhaohuan Unwin, 1927; (repr. New York, Kennikat Press, 197o).
P. Hazard, La crise de la conscience européenne, 1685–1715,Paris, 1935; I. O. Wade, The clandestine organization and diffusion of philosophic ideas in France from 167o to 1750,Princeton University Press, 1938; F. Venturi, jeunesse de Diderot (de 1713 à 1753) Paris, Skira, 1939.
I. O. Wade, The clandestine organization, cit.,pp. 124–140 et l’important appendice, PP. 277-321.
J. S. Spink, «La diffusion des idées materialistes et anti-religieuses au début du XVIIIe siècle: Le «Theophrasrus redivivus », in Revue d’histoire littéraire de la France,avril—juin 1937, pp. 248-255 (p. 254).
P. Vernière, Spinoza et la pensée française, cit.,p. 362 et pp. 362–365.
J. S. Spink, French free-thought from Gassendi to Voltaire, University of London, The Athlone Press, 1960, pp. 240–242. La même année une édition bilingue du traité latin fut publiée sous le même titre et avec la même fausse date d’impression 1598. Cf. G. Bartsch (éd.), De tribus impostori-bus anno MDIIC, Berlin, 1960.
G. Ricuperati, L’esperienza civile e religiosa di Pietro Giannone, Milano—Napoli, Ricciardi, 1970, pp. 423–431. On fit connaître dans ces pages l’existence de deux importants manuscrits, le cod. 10520, appartenant à Eugène de Savoie, et le cod. 10334, provenant de la bibliothèque de Hohendorf. Ricuperati s’en occupa de nouveau dans son essai «Il problema della corporeità dell’animo dai libertin ai deisti », in II libertinismo in Europa, éd. S. Bertelli, Milano—Napoli, Ricciardi, 1980, pp. 369, 392, 400.
P. Rétat, Traité des trois imposteurs. Manuscrit clandestin du début du XVIIIème siècle (éd. 1777), Université de la Région Rhône-Alpes, Saint-Etienne, 1973. Il en existe une récente traduction italienne, par E. Brunetti, Trattato sui tre impostori, Milano, Unicopli, 1981. La première traduction italienne du Traité que je connaisse est due, ce qui atteste sa curieuse déstinée, à un groupe d’anarchistes: P. H. d’Holbach, I tre impostori: Mosé—Gesù Cristo—Maometto, Edizioni «La Fiaccola », Ragusa, 1970.
Bibliographie descriptive des éditions du «Traité des trois imposteurs », in Tjdschrift van de Vrÿe Universiteit Brussel,1974–1975, i pp. 65-70.
Voir R. H. Popkin, «Spinoza and the conversion of the Jews», in C. de Deugd (éd.), Spinoza’s political and theological thought,International symposium under the auspices of the Royal Netherlands Academy of Arts and Sciences commemorating the 35oth anniversary of the birth of Spinoza, Amsterdam 24–27 November 1982, Amsterdam—Oxford—New York, North-Holland Publishing Company, 1984, pp. 171–183 (pp. 176–177). M. C. Jacob, The radical Enlightenment, cit., 219.
O. Bloch (éd.), Le Matérialisme du XVIII’ siècle et la littérature clandestine, Paris, Vrin, 1982, pp. 16–25.
S. Berti, La Vie et l’Esprit de Spinosa, cit.,pp. 12–21.
S. S. Meyer, Spinozana and logics,Antiquariaat «Pampiere Wereld », Amsterdam.
Spinoza’s short treatise on God, man and his well-being,translated with an introduction and commentary, and a life of Spinoza by A. Wolf, London, 191o, (New York, 1963).
Ibidem,p. 29 (c’est moi qui souligne). Dans une note sur l’Avertissement qui précède la Vie,il écrivait: « only in some copies [!] of the Le Vier edition » (Ibidem,pp. 131–133).
A. Wolf, The oldest biography, cit.,p. 29.
Ce sont les données du catalogue de vente, connu des spécialistes comme le «Wolf Catalogue »: Spinoza (1632–1677)—Catalogue n°150—The library of the late Prof Dr. A. Wolf,Internationaal Antiquariaat (Menno Hertzberger), Keizersgracht 61o, Amsterdam.
A. Wolf, The oldest biography, cit.,p. 27.
Marchand, «Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 325.
o. Cf. R. H. Popkin, « Spinoza and the conversion of the Jews», cit.,pp. 171–183 (pp. 176–177). Voir aussi du même auteur, sur le même thème, «Un autre Spinoza », in Archives de philosophie,48, janvier—mars 1985 pp. 37–57 Pour élargir la discussion sur ce sujet cf. mon article, «La Vie et l’Esprit de Spinosa», cit.,pp. 43–44• Popkin a présenté ses observations dans la communication « Spinoza and the « Three impostors », in Spinoza: issues and directions,Proceedings of the Chicago Spinoza conference (éd. E. Curley et P. E. Moreau), Brill, Leiden—New York—Kobenhavn—Köln, 1991, pp. 347–358. Il n’a pas repris cette thèse au cours du séminaire sur le Traité des trois imposteurs dont les actes sont ici publiés.
Cf. The correspondence of Henry Oldenburg. Edited and translated by A. Rupert Hall et M. Boas Hall, The University of Wisconsin Press, 1965, vol. I (1641–1662), pp. 89–92. Sur Boreel voir L. Kolakowski, Chrétiens sans Eglise,Paris, 1969, pp. 197–199.
Cf. Observations upon «Religio medici»,occasionally written by Sir Kenelme Digby, Knight, London, 1644 p. 33: «... and at last (Ochino) wrote a furious invective against those whom hee called the three Grand-Impostors of the world, among whom hee ranked our Saviour Christ,aswell as Moses and Mahomet».
Marchand signale l’existence d’un manuscrit portant ce titre à Londres, dans la collection d’Henry Worseley; cf. Marchand, «Impostoribus», in Dictionnaire, cit.,p. 314. Le bibliophile Richard Smith (1590–1675), auteur de cet écrit dont le titre exact est: Observations on the report of blaphemous treatise by some affirmed to have been of late years published in print of three great impostors (conservé à la British Library à l’intérieur de son volume manuscrit The wonders of the world collected out of divers approved authors,Sloane 388, ff. 358–361), donnait des informations sur un traité au sujet des trois imposteurs. On peut aussi signaler l’exemplaire Sloane 1024, qui présente quelques variantes.
Cf. F. Charles-Daubert, «Les traités des trois imposteurs et l’« Esprit de Spinosa », in Nouvelles de la république des lettres,1988–1, pp. 31-33.
Cf. I. O. Wade, The clandestine organization and diffusion, cit., pp. 136–138 (p. 136 ).
Cf. M. Benitez, «Autour du «Traité des trois imposteurs»: L’Affaire Guillaume », in Studi francesi,1987, pp. 28–31. F. Charles-Daubert ne mentionne ni l’analyse de Wade, ni celle de Benitez.
M. C. Jacob, The Radical Enlightenment, cit.,p. 16i.
UBL March. 2, Lettre de Fritsch à Marchand datée de Leipzig, 7 novembre 1737.
UBL March. 2, Lettre de Fritsch à Marchand datée de Leipzig, 17 janvier 174o. 7o. Marchand, «Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 325.
I. O. Wade, The clandestine organization and diffusion, cit.,pp. 116 et 127. Cette thèse a été rediscutée dans le récent article de B. E. Schwarzbach—A. W. Fairbairn, « Sur le rapport entre les éditions du «Traité des trois imposteurs » et la traduction manuscrite de cet ouvrage », in Nouvelles de la république des lettres,1987–2, pp. III-136 (p. 125), où l’on soutient que Boulainvilliers, s’il n’en a pas été véritablement l’auteur, a été probalement l’artisan du recueil, reproduit dans tant de copies manuscrites, qui associe à la Vie et à l’Esprit, l’Essai de métaphysique.
La traduction de l’Ethica faite par Boulainvilliers est datable grâce à ce qu’il écrit dans l’Avertissement de l’Essai: « Les ouvrage posthumes de Spinoza me tombèrent entre les mains en 1704, à l’occasion d’une grammaire ébraïque qui s’y trouve ». Cf. R. Simon (éd.), H. de Boulainvilliers, OEuvres philosophiques,La Haye, 1975, t. I, p. 84; L’Essai fut publié pour la première fois dans la Refutation des erreurs de Benoît de Spinoza,Bruxelles, Foppens, 1731. Colonna d’Istria publia le manuscrit 5156 de Lyon, l’unique copie de la traduction de Boulainvilliers qui nous soit parvenue; cf. Spinoza, Ethique,traduction inédite du Comte Henri de Boulainvilliers avec une introduction et des notes par F. Colonna d’Istria, Paris, 1907.
Cf. H. de Boulainvilliers, La vie de Mahomed,Amsterdam, 1731 (2 éd.), p. 178. Dans ces pages Boulainvilliers critique de façon significative la position d’Humphrey Prideaux, incapable, à son avis, de s’éloigner de l’idée commune qui méprise la grossière imposture et la sensualité de Mahomet.
Voir dans le même sens les observations de E. Pollock, Spinoza: His life and philosophy,London, 1880, p. xvii.
Cf. la Curieuse Bibliothec, oder Fortsetzung der monatlischen Unterredungen einiger guten Freunde von allerhand Buchern und andern annehmlichen Geschichten... von anno 1689 bis 1698,Francfort und Leipzig, 1704, pp. 493-494.
Cf. B. G. Struve, Dissertatio historico-litteraria de doctis impostoribus,Jena, 1703, pp. 20–21. Les deux témoignages sont amplement décrits dans les articles de M. Benitez, «Sur la diffusion du «Traité des trois imposteurs », qui sera publié sous peu, et de A. W. Fairbairn—B. E. Schwarzbach, «Notes sur les deux manuscrits clandestins », in Dix-huitième siècle,22, 199o, pp. 438-439. Benitez considère que la lettre du 12 août 1700, reproduite par Tentzel, se réfère au Traité,mais son contenu ne nous apparaît pas suffisamment convaincant pour faire allusion à un original fantômatique de langue italienne. La lettre renvoie probablement l’écho du mythe très répandu qui attribuait la paternité du Traité à l’Aretino, mythe présent chez Mersenne et que Bayle, tout en le combattant, avait fait reverdir dans ces années à travers l’article «Arétin» de son Dictionnaire. Schwarzbach semble plus prudent pour identifier l’écrit en question mentionné dans la lettre avec notre Traité.
Cf. «Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 32o.
Ibidem,p. 324.
Ibidem,p. 325.
Il s’agit de March. 39:3 (f. 134), Notice d’un manuscrit De tribus impostoribus. L’index du manuscrit copié par Marchand est divisé en deux parties. Nous reproduisons in extenso l’index de la première partie, les phrases entre crochets sont les commentaires de Marchand: «I. Dissertation sur le livre DE TRIBUS IMPOSTORIBUS, [plus étendue que celle imprimée à la Haie, chés Scheurleer, en 1716, in 12. En 13 pages de caracteres mediocres in 4.] « II. Le Traité même, en XI Chapitres, pagg. 14–86. «III. Remarques sur ce traité, pagg. 87–94. [Là Mr. Vroose, Conseiller de la Cour de Brabant, est déclaré auteur de cet Ouvrage; Aimon et Rousset ses Réviseurs et Levier son Imprimeur ou Libraire]. «W. Fragmentum libri de tribus Impostoribus. [Cela est différent du François, et accompagné de Remarques Latines, et fini par un Reliquea defunti]. pagg. 103–125. «V. Lapis Lydius Dictaminum Rationis et c. en Allemand. pagg. 127–169. » Dans la seconde partie, outre un certain nombre d’excerpta,les paragraphes XII et XIII reproduisent le texte complet de La Vie et l’Esprit de Spinosa des chapitres XII—XVI extraits de Charron et de Naudé (c’est-à-dire comme il apparaît dans l’édition de 1719) et le catalogue des oeuvres de Spinoza.
Marchand dit avoir vu trois copies différentes du manuscrit: une appartenant à Eugène de Savoie ou à Hohendorff (datée de 1717, et portant la note permittente D. Barone de Hohendorff); la seconde appartenant à un ministre de l’église wallonne de La Haye (peut-être Jacques Saurin?); la troisième était conservée dans la bibliothèque de Mr. Hulst, alors bourgmestre de cette même ville (cf. l’article « Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 323). Avec son habituelle précison et son goût bien connu pour l’anecdote, Marchand dit aussi que le manuscrit figure dans le catalogue imprimé rédigé en 1730 à l’occasion de la vente aux enchères de la bibliothèque du bourgmestre (ibidem,p. 72); cependant «on n’ôsa exposer ce Volume en vente, et il fut remis dans le Cabinet du Possesseur». En effet, parcourant le catalogue Bibliotheca hulsiana (La Haye, J. Swart et P. de Hondt, 1730) au milieu des manuscrits de théologie in folio on tombe sur cette description: Traité des trois imposteurs, manuscrit en françois, à la fin duquel on trouve le fragment d’un Traité latin sur la même matière» (vol. I, p. 312, n. 4865). La référence à un fragment du traité latin coïncide évidement avec ce qu’a signalé Marchand au paragraphe IV de sa Notice (cf. note précédente). Le manuscrit dont Marchand reproduit l’index et qui attribue notre texte à la plume de Vroese, est certainement celui qui a appartenu à van Hulst.
J. D. Michaelis, Inleiding in de Godlÿke Schrii ten van het Nieuwe Verbond, `s-Gravenhage, J. H. Munnikhuizen, en C. Plaat, 1778.
E G. C. Rütz, Kleine bydragen tot de dëistische letterkunde, eerste stuk. Behelzende eenige byzonderheden, raakende de schriften en lotgevallen van den geweezen’ dëeist Albert Radicati, graaf van Passeran, ‘s-Gravenhage, C. Plaat, 1781, p. 11. Sur la vie et les oeuvres de Rütz (1733–1803), prédicateur luthérien à Breda puis à La Haye, polémiste, cf. J. Loosjes, Naamlist van predikanten, hoogleeraren en porponenten der Luthersche Kerk in Neederland, ‘s-Gravenhage, 1925, pp. 272–275. Sur Rütz et Radicati cf. mon article, «Radicati in Olanda: Nuovi documenti della sua conversione e su alcuni manoscritti inediti », in Rivista storica italiana, II (1984), pp. 510–522.
Cf. la Vorrede de Rütz à la Inleiding in de God1 /ke Schriften,pp. xxix—xxx.
Les principales informations biographiques concernant Adriaen et Jan Vroesen sont issues de O. Schutte, Repertorium der Nederlandse vertegenwoordigers residerende in het buitenland, 1584— 181o, ‘s-Gravenhage, 1976, p. 27 et A. J. Veenendaal jr. (éd.), De briefwisseling van Anthonie Heinsius, 1702–172o, ‘s-Gravenhage, 1976, I, p. 4. Dans ARA, Archief van Heinsius 766, sont conservées une cinqantaine de lettres de Jan Vroesen à Heinsius écrites entre le 6 janvier et le 19 juin 1702. Une lettre de Vroesen à Louis XIV du 24 octobre 1701, une fois annoncée la démission de Van Heemskerck pour cause de maladie, se trouve dans ARA, Archief Coenraad van Heemskerck 35o. On trouverait d’autres informations au sujet de l’activité diplomatique de Vroesen en consultant T. Thomassen, Inventaris van Gezantschapsarchieven van Coenraad van Heemskerck, Den Haag, 1983.
Ses deux nominations à la cour de Brabant sont attestées dans ARA, Staten-Generaal 12289 (ff. 185–186). Pour le testament (où son parent Jan van der Duyn est désigné comme héritier universel) voir Gemeente-Archief Den Haag, Notarieel archief 999 (f. 56). Son nom apparaît pour la dernière fois dans un document officiel de 1725, cf. W. M. Lindemann, Analyses van de resoluties van de Raad van Brabant te ‘s-Gravenhage (1657–1795),‘s-Hertogenbosch, 1984, p. 145, n. 2251. La date de sa mort est attestée dans un document conservé dans Gemeente-Archief Den Haag, O.I.T.B., inventaire n. 3, fo. 57 d’après lequel une taxe de trente florins fut payée le 3o août 1725 pour sa sépulture.
Sur cette personnalité complexe, cf. C. W. Roldanus, Coenraad van Beuningen, staatman en libertÿn,‘s-Gravenhage, 1931, en même temps que M. A. M. Franken, Coenraad van Beuningen’s politieke en diplomatieke aktiviteiten in de jaren 1667–1684,Groningen, 1966. Beaucoup de ses écrits apparaissent dans le catalogue de la bibliothèque de Benjamin Furly (voir note successive).
Sur Furly et l’extraordinaire coterie qui gravite autour de lui, cf. W. I. Hull, Benjamin Furly and Quakerism in Rotterdam, Philadelphia, 1941. Voir aussi l’article plus récent de A. van Reijn, « Benjamin Furly: Engels koopman (en meer!) te Rotterdam, 1636–1714 », in Rotterdam Jaarboekje, 1985, i, pp. 219–146.
Cf. W. I. Hull, Benjamin Furly, cit., p. 173; vingt-deux ans avant, Adriaen Vroesen avait acheté 5000 acres de terre directement à William Penn. Adriaen était encore actif en 1711, quand il participa à la création, et à la donation successive à la ville de Leyde, d’une « Sphaera Armillaris Copernicana », un planetarium; cf. La Sphere automatique, travaillée par Thrasius, par les soins de Mr. Adriaen Vroesen, zhaohuan suivant les calculs de Nicolas Stampioen... Messieurs les curateurs de l’Université zhaohuan Messieurs les bourquemaitres de la ville de Leyde l’ont destinée aux amateurs des beaux arts zhaohuan de l’astronomie, en l’an 1711(UBL, 1394 D 16).
A la mort de Furly, les éditeurs Fritsch et Böhm, amis de Levier et de Marchand, imprimèrent le catalogue de sa bibliothèque à l’occasion de la vente aux enchères tenue le 22 octobre 1714: Bibliotheca furliana, sive Catalogus librorum honoratiss. zhaohuan doctiss. viri Benjamin Furly, Rotterdam, Apud Fritsch et Böhm, et Nicolaum Bos, 1714.
Cf. l’Essai sur l’usage de la raillerie et de l’enjoument dans les conversations qui roulent sur les matières les plus importantes (par A. Ashley Cooper, Cte de Shaftesbury), La Haye, H. Scheurleer, 1710. La traduction est due à Pierre Coste. Scheurleer devait connaître plutôt bien le diplomate de Rotterdam si dans la lettre de dédicace «A Monsieur Vroesen, Conseiller du Conseil de Brabant », il pouvait écrire: « C’est à ceux qui ont l’honneur de vous voir de près... ».
Sur le personnage de Arpe auquel une attention nécessaire n’a pas encore été consacrée jusqu’ici, cf. maintenant M. Mulsow, «Freethinking in early-eighteenth-century protestant Germany: Peter Friedrich Arpe and the Traité des trois imposteurs» dans ce volume.
Cf. Staatsbibliothek Berlin, Ms Diez C Quart. 37, fol. 42v. Pour le texte allemand du témoignage de Arpe cf. S. Berti, «Jan Vroesen, autore del «Traité des trois imposteurs»? », in Rivista storica italiana, 1991,n, p. 541.
Cf. ARA, Archief C. Van Heemskerck 284.
Cf. I. S. Révah, «Aux origines de la rupture spinozienne: Nouveaux documents sur l’incroyance dans la communauté judéo-portugaise d’Amsterdam à l’époque de l’excommunication de Spinoza », in Revue des études juives,3-4 (1964), p. 376.
Cf. S. de Vries, De Satan in sin Weesen, aards Bredrijf en Guichelspel, vertoond in een historische verhandeling van duivelen, gezigten, spoken, voorzeggingen, voorteekenen, droomen, tooverjen, betooverinjen, bezetenheid, en wat nog voots deze stof aanhangig is..., Utrecht, 1692, p. 14.
De Beverland (sous le pseudonyme de Perin del Vago) cf. le rarissime Perini del Vago, Equitis de Maltha, Epistolium ad Batavum, in Britannia hospitem, De tribus impostoribus,Hierusolymae [mais Amsterdam], 1673 et A discovery of the three impostors, turd sellers, slanderers, and piss-sellers,by Seign. Perin del Vago, s.l.n.d. [mais 17071.
Voir l’opuscule de E. E. Kettner, Dissertatio de duobus impostoribus, B. Spinosa et B. Beckero,Lipsiae, 1694. 99. Cf. Amsterdamsche Hermes,12 mai 1722, pp. 258–259.
L’historiographie a longtemps débattu du type de connexion qui avait existé entre la philosophie de Hobbes et celle de Spinoza, connexion qui semble acquise dans l’Esprit. Une des contributions les plus intéressantes sur ce thème est celle de A. Pacchi, «Leviathan and Spinoza’s Tractatus on Revelation: Some elements for a comparison », in History of European ideas, 1989, vol. Io, 5, pp. 577–593. Voir aussi M. A. Bertman, « Hobbes’ and Spinoza’s politics», in E. Giancotti (éd.), Spinoza nel 35co anniversario della nascita, Napoli, Bibliopolis, 1985, pp. 321–331, sans oublier le numéro consacré à ce sujet dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger, 1985, 2. Dans le cadre des études classiques voir au moins E. Tönnies, Studien zur Philosophie und Gesellschaftlehre im r7. Jahrhundert, hrsg. von E. G. Jacoby, Stuttgart—Bad Canstatt, 1975, pp. 293–313 et L. Strauss, Spinoza’s critique of religion, New York, Schocken Books, 1965.
Voir sur la question M. J. Petry, «Hobbes and the early Dutch Spinozists », in C. de Deugd (éd.), Spinoza’s political and theological thought, cit.,pp. 150–169. On trouvera quelque chose aussi dans C. Secretan, «La Réception de Hobbes aux Pays-Bas au XVI’ siècle », in Studia Spinozana,1987, III, pp. 391–402.
Sur van Berkel, quelques informations dans C. W. Schoneveld, Intertrajfic of the mind: Studies in seventeenth-centuiy Anglo-Dutch translation, with a checklist of books translated from English into Dutch,1600–1700, Leiden, 1983, pp. 39–40.
Sur le problème de la connaissance chez Spinoza voir G. H. R. Parkinson, Spinoza’s theory of knowledge,Oxford, 1954. Pour le développement « technique du thème de l’imagination cf. C. de Deugd, «The significance of Spinoza’s first kind of knowledge », Assen, 1966, in Revue de métaphysique et de morale, 1972,77, pp. 1–19, et les observations de S. Zac, «Le Spinoza de Martial Gueroult: La théorie de l’imagination dans le livre II de l’Ethique»in Revue de synthèse 1975 95pp. 245–282.
Voir sur ce sujet D. Johnston, The rhetoric of «Leviathan»: Thomas Hobbes and the politics of cultural transformation, Princeton, 1986, pp. 134–159. Pour une large analyse des croyances magiques en Angleterre aux xvle et xvtle siècles cf. l’étude magistrale de K. Thomas, Religion and the decline of magic, Harmondsworth, Middlesex, 1971.
Voir à ce sujet les observations de C. Fix dans son essai «Angels, devils, and evil spirits in seventeenth-century thought: Balthazar Bekker and the Collegiants », in Journal of the history of ideas, 1989, 4, pp. 527–547 et Prophecy and reason: The Dutch Collegiants in the early Enlightenment, Princeton University Press, 1991, pp. 3–22.
Cf. E Kuyper, Korte verhandeling van de duyvelen: Waar in beweezn woed dat’er duyvelen, of verstandige zelfstandige geesten zÿn, onderscheyden van het geschlacht der menschen, beesten, etc., Rotterdam, 1676, pp. 2–6.
Cf. B. Bekker, De betoverde weereld, zynde een grondig ondersoek van ‘t gemeen gevoelen aangaande geesten...,Deventer, 1739, II, pp. 1–35. Bekker avait l’intention de mener une attaque cartésienne contre les croyances populaires selon lesquelles le diable influence le cours des affaires humaines par l’intermédiaire de sorcières, démons et présences surnaturelles de types différents, dans une perspective qui sépare avec rigidité le champ d’action de l’esprit de celui du corps.
H. Bouman, Disputatio van verscheyde saaken, raakende wonderwerken, en of een schepsel die doen kan. Item van den engelen, duyvelen, etc. Voorgevallen in de Menniste kerk, Het Lam genaamd, termÿl het oeffening was, 7 Aug.... 1695,Amsterdam, 1695, pp. 20–21.
Cf. les Nouvelles de la république des lettres, mars 1684, p. 32.
Sur Lamy les pages de M. Busson sont encore extrêmement pertinentes: La Religion des classiques (1660–1685), Paris, 1948, pp. 147–164. Mais voir aussi les importantes observations de S. Landucci dans La teodicea nell’età cartesiana, Napoli, 1986, pp. 219–243, qui souligne comment la polémique anti-finaliste des Discours anatomiques se termine par une théodicée (cf. pp. 233–236). Pour d’autres données bibliographiques, voir dans mon édition aux pp. 300–301.
Spinoza lui-même a parfois prêté le flanc dans son texte (spécialement en ce qui concerne l’usage du mot « pharisien») à une utilisation de sa pensée dans ce sens. Voir à ce sujet la contribution incisive de H. Méchoulan, «Hébreux, Juifs et Pharisiens dans le Traité théologicopolitique »,in E. Giancotti (éd.), Spinoza nel3So° annivesario della nascita, cit.,pp. 439-460.
Sur la méthode historique et profane avec laquelle Spinoza analyse les différentes étapes du développement de la nation juive, voir les belles pages de L. Strauss, dans Spinoza’s critique of religion, cit., pp. z51–156. Sur Spinoza et les Ecritures, voir S. Zac, Spinoza et l’interprétation de l’Ecriture, Paris, 1965.
Pour les principales informations bibliographiques sur Vanini, voir p. 278, note 3 de mon édition.
Je me réfère, bien sûr, aux passages célèbres des Pensées diverses (chap. 174 et 182) dans lesquels on fait la théorie de la compatibilité d’athéisme et vertu. Non moins intéressant, parmi les divers lieux bayliens qui s’occupent de Vanini, ce qu’on lit dans l’Eclaircissement sur les athées ajouté et fondu dans la seconde édition du Dictionnaire (1702), où Bayle fait la distinction entre les «profanes» considérés comme de « francs athées» par le Père Garasse—mais à son avis de simples « athées de pratique», gens qui vivent «sans nulle crainte de Dieu, mais non pas sans aucune persuasion de son existence»—et les «athées de théorie, comme Diagoras par exemple, Vanini, Spinoza zhaohuan c. gens dont l’athéisme est attesté par les historiens, ou par leurs écrits ». Cf. Dictionnaire historique et critique,seconde édition, revue, corrigée zhaohuan augmentée par l’auteur, à Rotterdam, ches R. Leers, 1702, t. III, p. 3139. Pour la mise en évidence de la pensée de Bayle dans un sens libertin, cf. D. Wootton, Pierre Bayle, libertine,in M. A. Stewart (éd.), Oxford studies in the history of philosophy,vol. 3, Clarendon Press, Oxford (sous presse).
Voir en général sur ce thème L. Bianchi, Tradizione libertina e critica storica: Da Naudé a Bayle, Milano, 1988, pp. 183–209.
Cf. J. W. Apel, De vita et fatis Julii Caesaris Vanini, dissertatio prior, Jenae, 1708; J. Deutsche, Dissertatio posterior de Vanini scriptis et opinionibus, Jenae, 1708; J. M. Schramm, De vita et scriptis famosi athei Julii Caesaris Vanini tractatus singularis, Cüstrini, 1709.
Cf. D. Durand, La vie et les sentimens de Lucilio Vanini, Rotterdam, Fritsch, 1717, pp. 120–121. Sur sa vie, voir S. Beuzeville, «Préface sur la vie et les ouvrages de l’auteur», in D. Durand, La vie de y. F. Ostervald, pasteur de Neufchâtel en Suisse, London, 1778, pp. 1-xlv. Sur la synthèse Vanini-Spinoza opérée par Durand, et la connaissance qu’il avait d’un manuscrit de l’Esprit, voir S. Beni, «Scepticism and the «Traité des trois imposteurs», in R. H. Popkin—A. J. Vanderjagt (eds.), Scepticism and irreligion in the 17th and 18th centuries, Leiden—New York—Kobenhavn—Köln 1993, pp. 224–225.
La citation se trouve dans Marchand, «Impostoribus », in Dictionnaire, cit.,p. 314. Sur l’origine médiévale du thème des trois imposteurs, et sa survivance et transformation jusqu’au dix-septième siècle, voir, outre E. Renan, Averroès, cit.,pp. 297–298, A. Jundt, Histoire de panthéisme populaire au Moyen Age et au XVI“ siècle,Strasbourg, 1875, L. Massignon, «La légende « De tribus impostoribus » et ses origines islamiques», in Revue de l’histoire des religions,1920, 82, pp. 74–78, M. Esposito, « Una manifestazione d’incredulità religiosa nel medioevo », in Archivio storico italiano,1931, vol. 16, pp. 3–48, E M. Niewöhner, Veritas sive varietas, cit., J. J. Denonain, Le Liber de tribus impostoribus du XVI’ siècle, cit.,pp. 215–226,G. Spini, Ricerca dei libertini: La teoria dell’impostura delle religioni nel Seicento italiano,Firenze, 1983 (2e éd.).
Moïse est défini comme le détenteur de pouvoirs miraculeux que Dieu lui aurait concédés dans certains papyri magiques, cf. K. Preisendanz, Papyri graecae magicae,2, p. 87 sq.
Sur la réputation de Jésus comme mage, largement partagée par ses contemporains, voir l’ouvrage extraordinaire de Morton Smith, Jesus the magician,New York, 1978, et en particulier les pages 46–50. En dehors des Evangiles, son enquête se fonde aussi, naturellement, sur d’autres sources non chrétiennes comme les sources gréco-romaines et hébraïques.
Pantera était le nom généralement attribué par la tradition hébraïque au père de Jésus (cf. Jesus the magician, cit.,pp. 46–50). Morton Smith soutient que Celsus doit en avoir eu connaissance grâce à la tradition palestinienne non rabbinique (cf. p. 182).
Sur ce thème voir les pages limpides de S. Zac, Spinoza et l’interprétation de l’Ecriture, cit.,pp. 190–199. Voir aussi A. Matheron, Le Christ et le salut des ignorants chez Spinoza,Paris, 1971 et R. Misrahi, «Spinoza face au Christianisme », in Revue philosophique de la France et de l’étranger, 1977,2 pp. 233–268. Sur la composante socinienne probable de cette inclination spinozienne, cf. H. Mechoulan, «Morteira et Spinoza au carrefour du socinianisme », in Revue des études Juives,1976, pp. 51–65.
Le point de départ indispensable d’une étude sur la présence de Mahomet dans la culture occidentale médiévale et moderne, est le livre classique d’E. Renan sur l’averroïsme (cf. note 2). Voir aussi R. Southern, The Western view of Islam, Harvard, 1962, e G. L. van Roosbroeke, Persian letters before Montesquieu, 1932.
Cf. sur ce sujet L. Kontler, «The idea of toleration and the image of Islam in early Enlightenment English thought », in E. H. Balazs (éd.), Sous le signe des Lumières, (Budapest, 1987 ).
L. Addison, The life and death of Mahumed, the author of the Turkish religion London, Printed for W. Crooke, 1679, p. 132. Une autre édition fut imprimée, par le même éditeur et la même année, sous le titre The first state of Mahumedism: Or, an account of the author and doctrines of that imposture. 126. Cf. ibidem p. 136.
L’intention est claire et déclarée dès le titre: The true nature of imposture fully displayed in the life of Mahomet: With a discourse annexed, for the vindicating of Christianity from this charge; offered to the consideration of the deists of the present age London, W. Rogers, 1697. Prideaux, qui tout en défendant la religion chrétienne, n’oublie pas l’usurpation pontificale, ne peut s’empêcher d’observer que l’imposture de Mahomet commença plus ou moins à la même époque que celle où « the Bishop of Rome... first assumed the Title of Universal Pastor... And from this time Both have conspired to found themselves an Empire in Imposture » (p. 16).
Son Account of the rise and progress of Mahometanism (1671) connut une large diffusion clandestine au début du xv111e siècle (cf. l’édition de H. M. Khan Shairani, London, 1911). Sur Stubbe cf. l’importante étude de J. R. Jacob, Henry Stubbe: Radical Protestantism and the early Enlightenment Cambridge, 1983.
Son Specimen historiae Arabum (1649) fut une référence pour tous, mais il ne faut pas oublier les études qui en diverses parties d’Europe furent menées par Hottinger et Herbelot, Galland et Ravius, Reland et Ockley, Marracci et Kinckelmann.
Sur Charron les contributions de A. M. Battista et Tullio Gregory restent fondamentales. De ce dernier, je rappelle en particulier «La sagezza scettica di Pierre Charron», in De homme 1967, 21, pp. 163–182 et « Il «libro scandaloso » di Pierre Charron», in Etica e religione nella critica libertina Napoli, 1986, pp. 71–109. Voir aussi le volume collectif La sagezza moderna: Temi e problemi dell’opera de Pierre Charron ESI, Napoli, 1987, qui comprend une bibliographie exhaustive.
Le même passage se trouve aussi dans Marchand, « Impostoribus », in Dictionnaire, cit. P. 317.
Sur cet aspect spécifique de l’attitude relativiste de Charron, voir en particulier R. H. Popkin, The history of Scepticism, cit., pp. 55–62. Du même auteur, voir aussi «Charron and Descartes: the fruits of systematic doubt », in Journal of philosophy, 1954, 51, pp. 831–837.
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Berti, S. (1996). L’Esprit de Spinosa : ses origines et sa première édition dans leur contexte spinozien. In: Berti, S., Charles-Daubert, F., Popkin, R.H. (eds) Heterodoxy, Spinozism, and Free Thought in Early-Eighteenth-Century Europe. International Archives of the History of Ideas / Archives Internationales d’Histoire des Idées, vol 148. Springer, Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-94-015-8735-8_1
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