Résumé
A la différence de ses collègues,1 en partant pour la Hollande, Bayle ne partait pas pour l’exil: il ne faisait que changer le cadre de cet exil qui était son lot depuis onze ans déjà. Pour ce méridional, le Rotterdam de 1681 ne représentait qu’une aggravation du dépaysement qu’il avait connu à Sedan où avait commencé son initiation à ccs épreuves redoutables qui sont liées aux «climats froids», où «il faut être toujours dans les poëles», où l’on boit, où l’on fume, où l’on n’a que «des vins souffrez» et où abondent les «buveurs de bière» et «de bran-de-vin»,2 toutes choses également pénibles pour un homme fort sujet aux migraines. Au reste, au nord de la Loire, Paris seul permettait à un Montaigne de se sentir pleinement chez soi 3 et le siècle écoulé n’avait peut-être pas apporté grand changement aux motifs de cette réaction de gascon. Si l’on se souvient du risque permanent que Bayle n’avait cessé de courir depuis son retour en France, on conviendra que la sécurité personnelle qu’il retrouva à Rotterdam — symbolisée par l’abandon de son pseudonyme — offrait une certaine compensation à ce qu’une ville hollandaise avait d’étranger pour lui.
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References
Cf. D. F. Poujol, Histoire et influence des Eglises Wallonnes dans les Pays-Bas, Utrecht/Paris, de Vroede/Fischbacher, 1902, in-8°, xi–424 pp. Paul Dibon prépare un ouvrage centré autour de l’histoire du Collège Wallon de l’Université de Leyde (fondation symétrique du Staten Collegie maintenu par les Etats et qui était administrée par le Synode wallon), destiné à apporter la plus vive lumière sur le rôle considérable joué par la communauté wallonne dans la Hollande du Siècle d’Or; les éléments wallons de la culture néerlandaise lui apportaient une ouverture sur le monde extérieur — la France, Genève, etc. — singulièrement précieuse; en outre, l’esprit conciliant des Wallons favorisait la tolérance. Notons que la communauté wallonne n’était pas uniquement faite de protestants: parmi les jansénistes hollandais, on trouve plus d’un francophone.
Bayle devait faire plus tard une allusion méchante à ses barbarismes et à ses solécismes (Cabale chimérique, OD2II, p. 66 ib) et, par un jeu de mots douteux, Richard Simon l’appelait «théologien palatin» (cf. Jean Steinmann, Richard Simon et les origines de Vexégèse biblique, Paris, Desclée de Brouwer, 1960, in-8°, p. 224). L’enseignement des Jésuites se faisait probablement dans un latin sensiblement plus châtié que celui dont on se servait dans les Académies réformées (Saumur excepté, car la présence de Tannegui Le Fèvre y donnait un excellent niveau aux études humanistes). C’est sans doute à ses maîtres toulousains que Bayle fut redevable en premier lieu d’un sens de la latinité qu’il développa par la suite au contact de Basnage et de Minutoli (cf. supra 5, p. 98–99) et, plus tard, de Du Rondel (cf. supra 6, p. 158).
Cf. P. G. Brunet, Imprimeurs imaginaires et libraires supposés, Paris, 1866, p. 3 et pp. 112–145 et Léonce Janmart de Brouillant, L’Etat de la liberté de la presse en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Histoire de Pierre du Marteau Imprimeur à Cologne Paris, 1888, in-8°, ii-324 pp.
Frédéric Spanheim (1632–1701), fils cadet du théologien du même nom et frère du diplomate érudit Ezéchiel Spanheim, était professeur de théologie à Leyde et orientaliste de renom; on conserve une lettre qu’il a écrite à Bayle le 5/9/1684 (Gigas, p. 616–617).
Henry Le Bret (cf. supra 1, note 87); on trouvera la liste de ses ouvrages dans Robert Garrisson, Essai sur l’histoire du protestantisme dans la Généralité de Montauban … 1674–1684. Musée du Désert, 1935, in-8°, p. 289–290. Le prévôt de la cathédrale fut surtout redoutable aux protestants par son action persistante auprès de l’administration et par ses dénonciations. Bayle signale à son frère sa tactique d’apaisement dans sa lettre à Jacob du 2/10/1684, 0D2IB, p. 153b.
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Labrousse, E. (1985). Rotterdam; les Nouvelles de la République des Lettres 1681–1685. In: Pierre Bayle. Archives Internationales d’Histoire des Idees/International Archives of the History of Ideas, vol 1. Springer, Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-94-009-5087-0_7
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