Concurrence entre monnaies et polycentrisme monétaire

Résumé

Les économistes et les responsables politiques ont souvent tendance à surestimer les inconvénients des systèmes en place, et à exagérer les avantages des systèmes alternatifs. Ainsi, lorsque le régime de Bretton-Woods était encore en vigueur, avait-on tendance à mettre en exergue les avantages censés découler du passage à des changes flottants: autonomie accrue des politiques économiques nationales, prédominance d’une spéculation stabilisante sur le marché des changes, etc. L’expérience vécue depuis 1973 a montré qu’en ce domaine les espoirs ont été largement déçus. Aujourd’hui, devant les inconvénients de l’instabilité des taux de change (en particulier, du dollar), la tentation est grande de prôner un retour à des changes sinon fixes, du moins soumis à de moindres fluctuations (cf. la proposition de ‘zones cibles’¹ pour les grandes monnaies). Ce mouvement de balancier s’opère avec une illusion de la part des analystes symétrique de celle qui s’était développée dans les années 1960: les avantages d’une moins grande flexibilité des taux de change sont peut-être surestimés, alors qu’en sens inverse certaines contraintes — par exemple celles pesant sur la politique monétaire en régime de changes fixes avec parfaite mobilité internationale des capitaux — sont souvent sous-estimées.