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Les synthèses passives

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Book cover La phénoménologie génétique de Marc Richir

Part of the book series: Phaenomenologica ((PHAE,volume 214))

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Abstract

Cette partie est consacrée à la façon dont Richir reprend, tout en les déplaçant, les analyses husserliennes. Nous insisterons sur la stratégie par laquelle, en affinant son dialogue avec Husserl, Richir développe une phénoménologie capable de s'inscrire au sein des champs dont elle entend rendre compte et d'en habiter la concrétude. Husserl thématise les synthèses passives à partir d'un certain nombre d'exemples précis (anticipation, déception, identité, etc.) et appréhende leur fonctionnement en termes de lois. Dans la phénoménologie husserlienne, les synthèses passives élargissement la systématique intentionnelle. Richir en complexifie l'analyse et y ajoute une strate plus profonde et chaotique.

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Notes

  1. 1.

    Sur ce point, cf. notre Partie V.

  2. 2.

    Le concept de construction phénoménologique développé par Alexander Schnell est très utile pour préciser le statut transcendantal de ces analyses et du mode d’attestation singulier qu’elles semblent impliquer. Schnell ne reprend pas comme tel le concept développé par Fink dans la Méditation Cartésienne VI. Il élargit en proposant comme programme la mise en place d’une véritable phénoménologie constructive. Pour Schnell, le concept de construction phénoménologique est moins directement connecté au « dépassement » de la phénoménologie transcendantale dans une cosmologie phénoménologique qu’à l’éclaircissement de sa systématique interne. Schnell entend produire l’intelligibilité de la méthode phénoménologique en déployant la nécessité interne de ses opérations. Les « constructions phénoménologiques » procèdent ainsi à la déduction de structures nécessaires à l’intelligibilité de descriptions faites au niveau supérieur, à l’intelligibilité du sens selon lequel la concrétude se manifeste à nous. Dans Husserl et les fondements de la phénoménologie constructive, Schnell entend ainsi à la fois produire une théorie générale des constructions phénoménologiques, qu’il mettra à l’épreuve sur des questions restées latentes, et profiter de l’occasion pour interroger comme tel le sens du transcendantalisme phénoménologique. Il s’agit en résumé « (…) des outils que le phénoménologue se donne pour rendre compte d’une teneur phénoménale déterminée et dont il ne découvre la régularité (voire même la légitimité, justement) qu’en procédant à ces constructions (…).» Husserl et les fondements de la phénoménologie constructive, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2007, p. 20.

  3. 3.

    Cf. E. Husserl, « Ce sont des synthèses que le moi n’a pas instituées activement, mais qui au contraire se constituent dans la pure passivité et peuvent alors se constituer elles-mêmes lorsque les vécus singuliers entrant en liaison ont surgi dans l’activité du moi. Le plus simple est de nous en tenir d’emblée au domaine qui nous intéresse à présent exclusivement, celui des représentations passives en tant que matériau pour des synthèses se développant de manière passive. Il s’agit de façon générale de ces synthèses dans lesquelles quelque chose qui est représenté renvoie au-delà de lui-même à un autre quelque chose représenté. », Hua XI, p. 76.

  4. 4.

    Bruce Bégout , La généalogie de la logique, Paris, Éditions Joseph Vrin, 2000, p. 77.

  5. 5.

    À ce sujet, Bruce Bégout , ibid.

  6. 6.

    E. Husserl, De la synthèse passive, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 1998, p. 197.

  7. 7.

    E. Husserl, ibid., p. 195.

  8. 8.

    E. Husserl, ibid., p. 195.

  9. 9.

    E. Husserl, ibid., p. 193.

  10. 10.

    Voir pour ces concepts Alexander Schnell , Temps et Phénomène, La phénoménologie husserlienne du temps (1893–1918), Hildesheim, Olms, 2004.Voir aussi notre Partie V, A.

  11. 11.

    E. Husserl, ibid., p. 199–200.

  12. 12.

    E. Husserl, ibid., p. 199.

  13. 13.

    E. Husserl, ibid., p. 200.

  14. 14.

    E. Husserl, ibid., p. 218.

  15. 15.

    E. Husserl, ibid., p. 217.

  16. 16.

    E. Husserl, ibid., p. 199.

  17. 17.

    E. Husserl, ibid., p. 220–221.

  18. 18.

    E. Husserl, ibid., p. 228.

  19. 19.

    E. Husserl, ibid., p. 228.

  20. 20.

    Bruce Bégout , La généalogie de la logique (op.cit.), p. 189 à 198, « Affection et formation d’unité ou le circus vitiosus de la passivité ».

  21. 21.

    Pour Husserl comme pour Fink , il n’y a dans cette régression aucune remise en cause du thème de l’intentionnalité . « Je demandai si cette remarque s’appliquait au niveau de la constitution originaire, niveau au sein duquel le donné hylétique est sensé être constitué comme moment identifiable. Il est douteux, répondit-il, de supposer le donné hylétique constitué comme identique à soi avant une répétition <Wiederholung> active » (Conversations avec Husserl et Fink, p. 49 (trad. 137).

  22. 22.

    L. Landgrebe , Faktizität und Individuation, Hambourg, Meiner, p. 83 (cité par Alexander Schnell , Husserl et les fondements de la phénoménologie constructive, op.cit., Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2007, p. 226).

  23. 23.

    Cf. J-L Petit , « Dans cette ligne de recherche génétique apparaissent des références à la psychologie du développement qui soulignent une continuité et une gradualité de l’intentionnalité depuis l’instinct « un mode de l’effort vide encore dépourvu de la représentations du but » (…) jusqu’à la volonté, dont l’intention est orientée par cette représentation. », « La constitution par le mouvement », Naturaliser la phénoménologie, Paris, Éditions du C.N.R.S, 2002, p. 287.

  24. 24.

    Il y a donc d’une part l’intentionnalité opérante, qui coordonne selon l’unité de l’ ego transcendantal les champs sensibles et permet aux systèmes kinesthésiques de s’y installer comme habitus, et d’autre part la proto-intentionnalité de poussée qui porte les tendances elles-mêmes à l’association.

  25. 25.

    Hua. XXXIII, 275–276, traduit par T. Sawada dans l’introduction de sa thèse, La problematique de l’affection dans la phenomenologie et l’anthropologie phenomenologique, soutenue à Paris XII en 2007.

  26. 26.

    L’intentionnalité pulsionnelle constitue donc une extension de la logique de l’intentionnalité pour la rendre capable d’intégrer ce sur quoi elle semblerait devoir achopper. La question des synthèses passives pourrait toutefois aussi donner lieu à une véritable déchirure du système intentionnel, dès lors précisément que le pré-donné ne serait plus considéré comme le fruit d’une synthèse. On peut préférer au concept husserlien de synthèses perceptives (même animées par des tendances associatives) celui d’une pré-polarisation du champ phénoménologique autour de noyaux saillants, de configurations prégnantes, lesquelles n’auraient pas à être constituées. Nous remercions G.V. Kerckhoven de nous avoir rendu attentif à cette possibilité.

  27. 27.

    C’est la lecture que propose Jacques English dans Sur l’ intentionnalité et ses modes, op.cit.

  28. 28.

    Triebintentionalität que Richir traduit par « intentionnalité de poussée ». En traduisant par « intentionnalité de poussée » (poussée à laquelle Richir de son côté dénie le caractère intentionnel), Richir insiste sur son caractère « aveugle ». La poussée aveugle est la poussée de l’affectivité qui « habite » l’écart à soi du schématisme et s’y distribue en donnant aux phantasia leur caractère d’affections multiples ; elle en est le moteur aveugle et anonyme. La pulsion , de son côté, est directement « tension vers » ; elle contient déjà, autrement dit, l’extériorité en elle, dont elle ouvre la scène et investit les objets. Elle est déjà « sortie de soi », tandis que la « poussée aveugle » de son côté n’est « qu’ouverture », « écart », « aspiration infinie » qui ne cesse de s’échapper.

  29. 29.

    Ce que dans Phantasia , Imagination, Affectivité, il appellera la « poussée aveugle » de l’affectivité . Cette idée de poussée aveugle, irrésistible, est fortement inspirée du concept développé par Fichte d’une semblable poussée aveugle dans l’Assise fondamentale, Partie III, § 10, point 4.

  30. 30.

    Voir notre V, B, §3 et §4.

  31. 31.

    M. Richir, Méditations phénoménologiques, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 1992.

  32. 32.

    « Synthèse passive et temporalisation/spatialisation », dans Husserl , M. Richir et E. Escoubas (éds), Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 1990.

  33. 33.

    E. Husserl, Leçons sur les synthèses passives, p. 208 : « Toute région sensible est dès lors une région unitaire pour soi : tout élément visuel est lié par une homogénéité visuelle, tout élément tactile par une homogénéité tactile, tout élément acoustique par une homogénéité acoustique, etc. (…). Tout ce qui est détaché pour soi dans un champ est détaché de quelque chose appartenant au même champ. »

  34. 34.

    On pourrait nous objecter qu’une des forces de Husserl est de passer outre la distinction canonique du continu et du discret en refondant ses analyses sur une notion de contenu empruntée aux mathématiques, à savoir celui d’une multiplicité structurée. Mais le présupposé de la conception husserlienne demeure. La continuité du temps, pour Husserl, signifie essentiellement l’intégration de tous les niveaux du donné à une architectonique élargie de la raison logique ; d’une certaine façon, tout est sensé, parce que fusion et association s’auto-manifestent tout en s’exerçant.

  35. 35.

    C’est entre autres pour éclaircir cette question de la discrétion que Richir introduit le concept des « Wesen sauvages ». Dans le cadre de notre problématique, on peut les imaginer comme une sorte d’écume, ou comme les bulles qui éclatent à la surface d’un verre de champagne (on ne peut pas les identifier chacune à un phénomène identifié, mais « ça bulle » malgré tout) ; le Wesen, autrement dit, doit être compris au sens verbal ; ils « wesen » à proprement parler, leur être n’est rien d’autre que de « wesen ». Cf. Alexander Schnell , « Temporalité et affectivité », dans P. Kerzberg , A. Mazzu , et A. Schnell (éds), L’œuvre du phénomène, Mélanges de philosophie offerts à Marc Richir, Bruxelles, Ousia, 2009.

  36. 36.

    Nous reviendrons longuement sur la question dans notre Partie V.

  37. 37.

    M. Richir, « Synthèse passive et temporalisation/spatialisation », p. 15–16.

  38. 38.

    Une expérience courante peut nous aider à mieux comprendre le sens de ce flottement phénoménologique. Lorsque nous arrivons dans un pays étranger, nous voyons à la fois le défilé du détail et l’horizon toujours brouillé, instable. Nous ne r econnaissons rien – ou peu (seuls des traits assez profonds et archaïques demeurent et nous gardent en prise avec un espace dont l’organisation et les traits saillants propres sont vagues), aussi le regard ne sait précisément pas où prendre appui. Il dérive sans disposer d’habitus assez stables pour saisir immédiatement les détails dans leur agencement, sans saisir de réelle continuité, de réelles structures, comme si les concrétudes s’agençaient pour lui en « guirlandes ».

  39. 39.

    Nous commenterons essentiellement la IIe Méditation, « Passion du penser et pluralité phénoménologique des mondes », et la IVe, « De l’infini et des mondes ».

  40. 40.

    M. Richir, Méditations phénoménologiques, op.cit., p. 50

  41. 41.

    M. Richir, Méditations Phénoménologiques, op.cit., p. 54.

  42. 42.

    Le passage des qualias aux essences proprement dites implique une institution symbolique qui fasse passer de la facticité – le monde est – à la factualité (le monde est étant). Celles-ci ne relèvent plus vraiment, par conséquent, du phénoménologique, mais déjà du symbolique.

  43. 43.

    Cf. Bruce Bégout : « Le phénomène de la fusion chez Stumpf et Husserl », Annales de Phénoménologie n° 7/2008.

  44. 44.

    M. Richir, Méditations phénoménologiques, op.cit., p. 50–51.

  45. 45.

    M. Richir, Méditations phénoménologiques, op.cit., p. 161.

  46. 46.

    On ne peut chez Richir parler de monde car ce qui m’apparaît n’est pas un monde mais un entrecroisement de phénomènes-de-mondes, déformés par le réseau des institutions symboliques.

  47. 47.

    M. Richir, « Si les qualias, en effet, sont comme des traces des mondes absents (…), cela signifie que ces traces sont, comme telles, désaccordées ou désancrées par rapport à ce monde , même pris dans son anonymat phénoménologique, donc y flottent comme des « éléments » de la phénoménalité en lesquels glissent, en absence, comme réminiscences et prémonitions, d’autres mondes jamais vus et jamais visibles ; ils y glissent comme des rythmes ou des éléments de rythmes « évoquant » d’autres accords ou d’autres harmoniques qu’il serait vain de rechercher dans la positivité toute apparente du monde (…) », ibid., p. 152.

  48. 48.

    La dualité du versant subjectif et objectif du vécu est dès le départ au cœur de la pensée husserlienne (une objectivité se donne à moi dans l’apparaître du monde – ce qui m’apparaît outrepasse sa teneur vécue). Mais il faut quitter la naïveté husserlienne, ne plus chercher, ni à distinguer a priori, au sein du vécu, ce qui relève de moi et ce qui révèle de l’objectivité, ni à établir une corrélation stricte entre les deux versants. L’important est de découvrir comment la corrélation peut a posteriori s’instituer.

  49. 49.

    Nous verrons en Partie V ce que cette distinction implique en termes de structure temporelle.

  50. 50.

    Les phénomènes-de-monde hors langage, écrit Richir, relèvent aussi de « la situation ek-statique horizontale du phénomène » (Ibid., p. 154), ou plus justement peut-être, par Patockà qui distingue déjà, au sein des formes mondes, la dimension de « sphère de significativité » de la mondanéisation plus archaïque qui rend celle-ci possible.

  51. 51.

    Même, comme on le verra en V, Bn §2, d’une double ipséité : ipséité du soi d’une part, ipséité du sens d’autre part.

  52. 52.

    M. Richir, Méditations phénoménologiques, op.cit., p. 155.

  53. 53.

    M. Richir, ibid., p. 156, ou encore « Il y a déjà, dans les phénomènes de langage, la double réflexivité de l’ipséité du sens et de la phénoménalité sans ipséité, et c’est cette dernière qui menace la première de ce que nous avons nommé une hémorragie du sens », p. 161.

  54. 54.

    Nous revenons plus en détail sur le passage d’un phénomène damorce de sens à celui d’un sens en amorce dans notre Partie IV.

  55. 55.

    M. Richir, « Ce qui constitue le nœud de l’articulation entre les deux versants des synthèses passives de second degré, c’est précisément le fait que les « signes » phénoménologiques comme lambeaux de sens sont aussi, toujours, plus que cela, à savoir amorces de sens avortés, qui n’ont eux-mêmes jamais eu le temps, et ne l’auront probablement jamais, de se déployer en présence, ce qui en fait justement des Wesen sauvages de langage, susceptibles, néanmoins, d’être éveillés ou réveillés. (…) C’est bien de la sorte, en effet, que se laissent discerner, derrière ou à revers des arrangements des lambeaux de sens (…), les arrangements des synthèses passives du second degré qui précisément, y résistent, dessinent souterrainement les chemins de ce qu’on a classiquement conçu, jusqu’à Husserl lui-même, comme les « associations » – la « ressemblance » (à distance) et la « contiguïté » ne se faisant pas depuis les « associations » mais faisant les « associations » comme les témoins d’une homogénéité phénoménologique plus profonde, celle des Wesen sauvages, sur laquelle se découpe, depuis le langage, ce qui paraît s’associer par devers lui (…), Méditations phénoménologiques, op.cit., p. 163.

  56. 56.

    M. Richir, ibid., p. 180.

References

  • La crise du sens et la phénoménologie autour de la « krisis » de Husserl, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 1990.

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Forestier, F. (2015). Les synthèses passives . In: La phénoménologie génétique de Marc Richir. Phaenomenologica, vol 214. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-319-10026-5_4

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