For decades, numerous reports have shown that Canadians are extremely proud of their universal health care, even feeling like it is part of our identity. What Canadians are less aware of, however, is that Canada is one of the only countries with universal health care that does not have universal public drug coverage as well. Yet an aging population means an uptick in the prevalence of chronic disease and this makes the need for that coverage even more critical. Indeed, according to data from the 2019 Canadian Community Health Survey, 44.2% of Canadians over 20 years of age were living with at least one of the 10 most common chronic conditions, and this proportion rose to 71.3% among those age 65 to 79 years and 78.7% among those age 80 and older (Centre for Surveillance and Applied Research, Public Health Agency of Canada, 2021). These conditions are hypertension, periodontal disease, osteoarthritis, ischemic heart disease, diabetes, osteoporosis, cancer, chronic obstructive pulmonary disease, asthma, and mood and anxiety disorders. Living with any of these conditions means having to take medication over a long period, often for life. The announcement that the recent agreement between the Liberal Party of Canada and the New Democratic Party includes the development and possible tabling of a universal drug coverage bill for Canada is therefore great news. There will certainly be many obstacles to the development and adoption of universal drug coverage, but it has become clear that the status quo, which leads to great inequalities among Canadians depending on which province they live in, is no longer tenable. Indeed, as Ayodele et al. explain in their article in this issue of CJPH (Ayodele et al., 2022), all Canadian provinces offer drug coverage, but in most cases the approach is based on catastrophic coverage. Too many Canadians who are not eligible for public plans providing partial coverage or who are not covered by plans typically offered by employers must cope with the added stress of paying for the prescription drugs they need to stay healthy. Again, there are great inequalities among Canadians in terms of both the cost of private insurance and how much they must pay on average each year for drugs (Marchildon et al., 2020).

In Canada, total prescription drug sales (hospital use and retail sales in community pharmacies combined) totalled $32.7 billion in 2020. The annual average increase in spending for prescription drugs between 2001 and 2020 was estimated at 5.3% for community pharmacies and 7.1% in hospitals (Tadrous et al., 2021). Unfortunately, despite the fact that spending on drugs continues to rise and now accounts for almost 2% of Canadian GDP, there are too few studies that model the positive effects of a universal plan or document the negative effects of not having one. One exception, of course, is the study published in CMAJ by Steven Morgan’s team at UBC (Morgan et al., 2015), but this study is now a little outdated. The study used 2012/2013 data and assumed that with universal drug coverage, the mix of generic versus patented drugs would change, having a single third-party payer would result in lower prices, and a universal plan would increase use. The study estimated that universal drug coverage would reduce total annual prescription drug spending in Canada by almost a third (32%). It is high time that this type of study be re-done, given the aging of the population and the arrival of new classes of medications that are increasingly expensive.

The study by Ayodele et al. (2022) deals with a completely different if equally important issue. The study shows that New Brunswick, which does not have universal drug insurance coverage, but rather a mixed plan that includes basic public insurance with the option of purchasing private insurance coverage, has a steep social gradient associated with the likelihood of having drug insurance coverage of any kind. There is the same gradient for adults age 65 and over, but not as steep. The article also reported other factors associated with unequal access to drug insurance.

Scientific studies have shown that universal drug coverage in countries like Canada has a wide range of societal benefits. The study by Ayodele et al. reminds us once again that the main potential beneficiaries of such plans are the working poor whose coverage by public plans is spotty and for whom private plans are out of reach. It is ironic that Justin Trudeau’s government, claiming to want to support middle-class families, needed an agreement with an opposition party to remind it that the lack of universal drug coverage is a gaping hole in the Canadian social safety net. It’s a health and equity issue.

Louise Potvin, PhD

Editor-in-Chief

Éditorial

Depuis des décennies, de nombreux rapports ont souligné la grande fierté, voire même le sentiment d’identité que les Canadiens éprouvent pour leur régime universel d’assurance santé. Ce que les Canadiens savent moins cependant, c’est que le Canada est parmi les seuls pays dotés d’un tel régime qui n’inclut pas aussi un régime universel d’accès aux médicaments. Or, le vieillissement de la population qui est aussi associé à l’accroissement de la prévalence des maladies chroniques dans la population, rend le besoin d’un tel régime encore plus critique. En effet, selon les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2019, 44,2 % des Canadiens de plus de 20 ans vivaient avec au moins une des 10 conditions chroniques les plus fréquentes et cette proportion atteint 71,3 % chez les personnes de 65 à 79 ans et 78,7 % chez les 80 ans et plus (Centre for Surveillance and Applied Research, Public Health Agency of Canada, 2021). Ces conditions sont l’hypertension, les maladies parodontales, l’arthrose, les cardiopathies ischémiques, le diabète, l’ostéoporose, le cancer, les maladies pulmonaires obstructives chronique, l’asthme et les troubles anxieux et de l’humeur. Or, vivre avec l’une ou l’autre de ces conditions implique devoir prendre des médicaments sur une longue période, souvent pour la durée de la vie. L’annonce que l’entente survenue récemment entre le Parti libéral du Canada et le Nouveau Parti démocratique inclut le développement et le dépôt éventuel d’un projet de régime universel d’assurance-médicaments pour le Canada est donc une excellente nouvelle. Il y aura certainement de nombreuses embûches au développement et à l’adoption d’un tel régime, mais comme il est devenu évident, le statu quo qui mène à de grandes inégalités entre les Canadiens en fonction de la province où ils habitent, n’est plus tenable. En effet, comme l’expliquent Ayodele et collaborateurs dans l’article qu’ils publient dans ce numéro de la RCSP (Ayodele et al., 2022), bien que toutes les provinces canadiennes offrent une couverture d’assurance-médicaments, dans la plupart des cas celle-ci est fondée sur une approche de couverture en cas de catastrophe. De trop nombreux Canadiens qui ne sont pas admissibles aux régimes publics partiels ou qui ne sont pas couverts par les régimes habituellement offerts par les employeurs doivent composer avec le stress supplémentaire de payer les médicaments d’ordonnance dont ils ont besoin pour maintenir leur santé. Ici encore il existe de grandes inégalités entre les Canadiens autant concernant les coûts des assurances privés que l’argent qu’ils et elles doivent débourser en moyenne chaque année pour l’achat de médicaments (Marchildon et al., 2020).

Au Canada, les ventes totales de médicaments d’ordonnance qui combinent l’usage hospitalier et les ventes au détail dans les pharmacies communautaires totalisaient 32,7 milliards de dollars en 2020. L’augmentation annuelle moyenne des dépenses pour les médicaments d’ordonnance entre 2001 et 2020 était estimée à 5,3 % pour les ventes en pharmacie communautaire et 7,1 % dans les hôpitaux (Tadrous et al., 2021). Malheureusement, malgré le fait que les dépenses en médicaments ne cessent d’augmenter et constituent maintenant près de 2 % du PIB canadien, les études qui modélisent les effets positifs d’un régime universel ou qui documentent les effets négatifs de l’absence de tels régimes sont trop peu nombreuses. Une exception bien sûr est celle publiée dans le CMAJ par l’équipe de Steven Morgan de UBC (Morgan et al., 2015), mais celle-ci commence à dater à un peu. En utilisant des données de 2012/13 et sous l’hypothèse que sous un régime universel d’assurance-médicaments le mix d’utilisation de médicaments génériques versus médicaments brevetés serait modifié, que la présence d’un tiers payeur unique résulterait en une diminution des prix et qu’un régime universel accroîtrait l’utilisation, cette étude estime qu’un régime universel d’assurance-médicaments réduirait de près du tiers (32 %) les dépenses annuelles totales pour les médicaments d’ordonnance au Canada. Il est grand temps de refaire ce type d’études compte tenu du vieillissement de la population et de l’arrivée de nouvelles classes de médicaments qui coûtent de plus en plus cher.

L’étude de Ayodele et collaborateurs dans ce numéro de la Revue est d’un tout autre ordre mais tout aussi importante. On y démontre notamment pour le Nouveau Brunswick qui ne jouit pas d’une couverture universelle d’assurance-médicaments, mais d’un régime mixte incluant une assurance de base publique avec possibilité de cotiser à un régime assuranciel privé, un fort gradient social associé à la probabilité d’avoir une couverture assurance-médicaments quelle qu’elle soit. Le même gradient existe aussi pour les personnes de plus de 65 ans mais moins accentué. L’article rapporte aussi d’autres facteurs associés aux inégalités d’accès à une assurance-médicaments.

Les études scientifiques ont démontré un large éventail de bénéfices sociétaux d’un régime d’assurance-médicaments universel dans les pays comme le Canada. L’étude de Ayodele et collaborateurs nous rappelle encore que les premiers bénéficiaires potentiels de tels régimes sont les travailleurs pauvres qui sont mal couverts par les régimes publics et pour qui les régimes privés sont inaccessibles. Il est ironique que le gouvernement de Justin Trudeau qui se targue de vouloir soutenir les familles de classe moyenne doive se faire rappeler par une entente avec un parti d’opposition qu’une lacune importante du filet social canadien est l’absence d’une assurance-médicaments universelle. C’est une question de santé et d’équité.

Louise Potvin, Ph.D.

Rédactrice en chef