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La République, l’affaire Dreyfus et la raison d’État

Le cas Célestin Bouglé

The republic, the Dreyfus Affair and the reason of State

The Célestin Bouglé case

Die republik, die Dreyfus-Affäre und die Staatsräson

Der fall Célestin Bouglé

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Revue de Synthèse

Résumé

On dit souvent que l’affaire Dreyfus a été un moment clé dans l’histoire du républicanisme français. Mais le sens philosophique de ce tournant reste à élucider. Il n’est pas sûr, en effet, que le discours républicain se réduise alors à une apologie de l’individu et de la justice contre la raison d’État. L’objectif de cet article est d’analyser les arguments mobilisés dans le camp dreyfusard par certaines figures du socialisme républicain, comme Jean Jaurès, ou du républicanisme comme Alfred Fouillée et Émile Durkheim notamment. L’examen des positions de Célestin Bouglé, jeune sociologue proche de Durkheim, est ici privilégié: il se situe, par sa biographie et son œuvre, au carrefour des diverses tendances, du positivisme au néo-criticisme.

Abstract

It is often said that the Dreyfus Affair was a key moment in the history of french republicanism. But the philosophical sens of this turning point remains to be elucidated. Indeed it is not certain that the republican discourse can then be reduced to the apology of the individual and of justice against the reason of State. The aim of this article is to analyse the arguments mobilised in the Dreyfus camp by certain figures of republican socialism, like Jean Jaurès, or of republicanism like Alfred Fouillée, Emile Durkheim and others. The examination of the positions of Célestin Bouglé, a young sociologist close to Durkheim, is here privileged: it is situated, through his biography and his work, at the crossroads of diverse tendencies, from positivism to neo-criticism.

Zusammenfasssung

Die Dreyfus-Affäre wird oft als ein Schlüsselmoment der Geschichte des französischen Republikanismus angesehen. Aber die philosophische Bedeutung jener Wende bleibt immer noch aufzuklären. In der Tat ist es nicht sicher, dass der republikanische Diskurs sich auf eine Apologie des Individuums und der Justiz gegenüber der Staatsräson reduziert. Das Ziel dieses Artikels ist es, die Argumente zu untersuchen, die im Dreyfus-Lager durch Vertreter des republikanischen Sozialismus (etwa Jean Jaurès) oder des Republikanismus (u.a. Alfred Fouillée, Émile Durkheim) angeführt wurden. Die Untersuchung der Positionen des jungen, Durkheim nahe stehenden Soziologen Célestin Bouglé, nimmt dabei eine Sonderstellung ein: sie positioniert sich, durch sein Leben und seine Biographie gleichermaßen, am Kreuzungspunkt unterschiedlicher Tendenzen des Positivismus und des Neokritizismus.

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Serge Audier est maître de conférences à l’Université de Paris-Sorbonne. Il est actuellement membre de l’Institut universitaire de France. Ses recherches portent sur l’histoire du républicanisme et du socialisme. Il a notamment publié Machiavel. Conflit et liberté (Paris, Vrin/Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2005) et Léon Bourgeois. Fonder la solidarité (Paris, Michalon, 2007). Il a également dirigé le volume collectif intitulé Henry Michel: l’individu et l’État (Corpus, no 48, 2005).

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Audier, S. La République, l’affaire Dreyfus et la raison d’État. Rev synth 130, 289–322 (2009). https://doi.org/10.1007/s11873-009-0081-8

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