Skip to main content
Log in

La notion d’involution dans le Brouillon Project de Girard Desargues

  • Published:
Archive for History of Exact Sciences Aims and scope Submit manuscript

Résumé

Nous tentons dans cet article de proposer une thèse cohérente concernant la formation de la notion d’involution dans le Brouillon Project de Desargues. Pour cela, nous donnons une analyse détaillée des dix premières pages dudit Brouillon, comprenant les développements de cas particuliers qui aident à comprendre l’intention de Desargues. Nous mettons cette analyse en regard de la lecture qu’en fait Jean de Beaugrand et que l’on trouve dans les Advis Charitables.

Abstract

In this article, we propose a coherent thesis for the formation of the notion of involution in Girard Desargues’ Brouillon Project. For this, we give a detailed analysis of the first 10 pages of the Brouillon, dealing in particular with various particular cases which help us to understand Desargues’ intention, which is to find a notion unifying the harmonic divisions considered in Apollonius’s theory of conics. We compare this analysis with the way Jean de Beaugrand read and criticised the Brouillon in his Advis Charitables.

This is a preview of subscription content, log in via an institution to check access.

Access this article

Price excludes VAT (USA)
Tax calculation will be finalised during checkout.

Instant access to the full article PDF.

Fig. 1
Fig. 2
Fig. 3
Fig. 4
Fig. 5
Fig. 6
Fig. 7
Fig. 8
Fig. 9
Fig. 10
Fig. 11
Fig. 12
Fig. 13
Fig. 14
Fig. 15
Fig. 16
Fig. 17
Fig. 18
Fig. 19
Fig. 20
Fig. 21
Fig. 22

Notes

  1. Voir par exemple la proposition 37 du livre III des Coniques d’Apollonius, p. 351 des commentaires de Roshdi Rashed dans (2010).

  2. Voir la Sect. 6.1 pour une démonstration très simple de ce fait.

  3. Il faut faire attention au fait que pour Desargues, il n’est pas question de relation, mais de disposition particulière de points sur une droite.

  4. See Sect. 6.1 for a very simple proof of this fact.

  5. One has to be cautious here, as Desargues never considers the involution as a relation but as a special configuration of points on a line.

  6. This is his theory of nœuds moyens, or mean knots, in the translation of Field and Gray. See below for more details.

  7. cf. la lettre de Descartes à Desargues du 19 juin 1639, dans Taton (1951), p. 185.

  8. Mais ne démontre pas, voir plus loin.

  9. Notons que ce terme, comme les précédents, est employé en botanique, désignant l’état de feuilles s’enroulant sur elles mêmes.

  10. Terme que Desargues n’emploie pas dans le Brouillon.

  11. p. 1, l.11.

  12. p. 1, l.30.

  13. p. 1, l.15.

  14. p. 1, l.33.

  15. p. 1, l.19.

  16. p. 1, l. 19.

  17. p. 1, l.22.

  18. p. 1, l.28.

  19. voir les définitions du livre I des Coniques d’Apollonius, par exemple dans Rashed 2008, p. 254.

  20. p. 1 l. 47 à p. 2, l.15.

  21. p. 2, l.10 et suivantes.

  22. Théorie qui deviendra celle, au début du dix-neuvième siècle, des polaires.

  23. p. 3, l. 20.

  24. p. 3, l. 22.

  25. p. 3, l. 27.

  26. Nous avons de-ci de-là gardé quelques usages arguésiens, comme l’emploi du féminin pour le mot «couple ».

  27. p. 3, l. 35.

  28. p. 3, l. 42.

  29. p. 3, l. 14.

  30. p. 2, l. 33.

  31. p. 2, l. 35.

  32. Disinction que Desargue ne fait pas.

  33. p. 3, l. 5.

  34. Il n’est pas impossible que ce couplage fasse écho au travail de Desargues pour une méthode facile d’apprentissage de la lecture musicale, publié dans l’Harmonie Universelle de Mersenne (voirMersenne 1637, livre sixiesme).

  35. p. 6, l. 33.

  36. p. 2, l. 43.

  37. p. 2, l. 47.

  38. p. 4, l. 35.

  39. Remarquons que si \(\hbox {C}\) est de l’autre côté de la souche par rapport à \(\hbox {F}\), alors \(\hbox {G}\) l’est aussi et l’on est encore en situation démêlée.

  40. Nous employons le langage euclidien: quatre grandeurs abcd sont proportionnelles si \(a/b=c/d\). Un telle égalité de rapports s’appelle une proportion.

  41. Nous ne considérons ici que des longueurs ou grandeurs positives, comme le fait Desargues. Nous renvoyons le lecteur à la section suivante pour une version algébrique plus moderne de cette preuve.

  42. L’unicité se déduit de la condition d’engagement.

  43. p. 5, l. 21–23.

  44. p. 5, l. 24.

  45. p. 1, l. 1 à 4.

  46. p. 7, l. 23.

  47. p. 3, l.12, pour les branches plutôt que pour les nœuds correspondants.

  48. p. 5, l. 41.

  49. p. 5, l. 56.

  50. p. 6, l. 8.

  51. p. 6, l. 13.

  52. p. 6, l. 15.

  53. p. 6, l. 38.

  54. p. 6, l. 47.

  55. Rappelons que si \(a/c=c/b\), on dit que c est moyenne proportionnelle des deux extrêmes a et b.

  56. p. 6, l. 49 à l. 56.

  57. p. 6, l. 54.

  58. p. 6, l. 57.

  59. p. 7, l2.

  60. p. 7, l. 20.

  61. p. 7, l. 23.

  62. l. 24.

  63. p. 7, l. 34.

  64. p. 7, l. 36.

  65. p. 7, l. 43.

  66. p. 7, l. 47.

  67. p. 7, l. 50–55.

  68. p. 8, l. 10.

  69. p. 8, l. 50.

  70. «Pour souche »: p. 9, l. 11.

  71. p. 9, l. 15.

  72. p. 9, l. 17.

  73. p. 9, l. 26.

  74. p. 9, l. 29.

  75. p. 9, l. 35.

  76. p. 9, l. 37.

  77. p. 9, l. 39.

  78. p. 9, l. 42.

  79. p. 9, l. 44.

  80. dernière ligne de la page 9.

  81. p. 9, l. 59.

  82. p. 10, l. 4.

  83. p. 10, l. 10.

  84. p. 10, l. 14.

  85. p. 10, l. 16.

  86. p. 10, l. 19.

  87. p. 10, l. 23.

  88. Et réciproquement.

  89. Sauf sur un corps de caractéristique 2, où la translation par 1 donne une involution, mais on ne peut guère soupçonner Desargues d’avoir eu en tête une telle horreur.

  90. Nous renvoyons pour plus de détail à la page wikipedia qui lui est consacrée, seule source synthétique connue de nous concernant ce personnage.

  91. Cependant la terre était informe et vide, et les ténèbres recouvraient l’abysse.

  92. p. 1, l. 13 de la lettre.

  93. Beaugrand est resté longtemps en bons termes avec Desargues.

  94. p. 1, l. 22.

  95. Ici, il faut lire AEC.

  96. p. 2, l. 27.

  97. Ceci se trouve à la dernière ligne de la page 2 de l’original, avec une faute de typographie, Beaugrand écrivant que \(\hbox {BD}/\hbox {DE}=\frac{\hbox {AD}.\hbox {DC}}{\hbox {AE}.\hbox {EC}}\).

  98. Beaugrand utilise une terminologie un peu particulière pour la composition des raisons: il écrit ainsi, en bas de la page 2 de l’original: «la raison de BD à DC plus la raison de DC à DE sera esgale à la raison de AB à CE: plus la raison de BC à AE. »Le mot «plus »est ici employé pour désigner la composition des raisons et non, ce qui n’aurait pas de sens de toute façon, leur addition.

  99. p. 3, l. 41.

  100. p. 4, l. 1.

  101. Que l’on peut apparenter aux polaires.

  102. Voir la fin de la page 20 et le début de la page 21 du Brouillon, par exemple.

  103. p. 2, à partir de la dernière ligne.

  104. p. 3, l. 4.

References

  • Andersen, K. 1991. Desargues’ method of perspective: Its mathematical content, its connection to other perspective methods and its relation to Desargues’ ideas on projective geometry. Centaurus 34 (1): 44–91. https://doi.org/10.1111/j.1600-0498.1991.tb00688.x.

    Article  MathSciNet  Google Scholar 

  • Anglade, M., and J.Y. Briend. 2017. L’usage de la combinatoire chez Girard Desargues: Le cas du théorème de Menelaüs. Preprint.

  • Catastini, L., and F. Ghione. 2005. Nella mente di Desargues tra involuzioni e geometria dinamica. Bollettino dell’Unione Matematica Italiana. Sezione A: La Matematica Nella Societá e Nella Cultura (8) 8(1): 123–147, 194.

  • Chasles, M. 1875. Aperçu historique sur l’origine et le développement des méthodes en géométrie, seconde édition. Paris: Gauthiers-Villars.

    MATH  Google Scholar 

  • Debuiche, V. 2013. Perspective in Leibniz’s invention of characteristica geometrica: The problem of Desargues’ influence. Historia Mathematica 40 (4): 359–385. https://doi.org/10.1016/j.hm.2013.08.001.

    Article  MATH  MathSciNet  Google Scholar 

  • Elkins, J. 1995. The poetics of perspective. Ithaca: Cornell University Press.

    Google Scholar 

  • Field, J., and J. Gray. 1987. The geometrical work of Girard Desargues. New York: Springer. https://doi.org/10.1007/978-1-4613-8692-6.

    Book  MATH  Google Scholar 

  • Henrion, D. 1621. Les quinze livres des Elemens d’Euclide traduicts de Latin en François. Paris: Jean-Anthoine Joalin.

    Google Scholar 

  • Hogendijk, J. 1991. Desargues’ brouillon project and the conics of Apollonius. Centaurus 34 (1): 1–43. https://doi.org/10.1111/j.1600-0498.1991.tb00687.x.

    Article  MATH  MathSciNet  Google Scholar 

  • Jones, A. 1986. Pappus of Alexandria, Book seven of the Collection. Part 1: introduction, text and translation, Sources in the history of mathematics and physical sciences, vol. 8. Springer, New York.

  • Le Goff, J.P. 1994. Desargues et la naissance de la géométrie projective. In: Desargues en son temps, pp. 157–206. Libr. Sci. A. Blanchard, Paris.

  • Lenger, F. 1950. La notion d’involution dans l’œuvre de Desargues, 109–112. Bruxelles I(Liège): IIIe congrès national des sciences.

    Google Scholar 

  • Mersenne, M. 1637. Harmonie Universelle, seconde partie. Paris: Pierre Balard.

    Google Scholar 

  • Peiffer, J. 1998. L’histoire de la perspective au XXe siècle: Ine déconstruction. Gazette Mathematical 78: 63–75.

    Google Scholar 

  • Poudra, N.G. 1864. Œuvres de Desargues, réunies et analysées par M. Poudra. Tome I. Leiber, éditeur à Paris.

  • Poudra, N.G. 1864 Œuvres de Desargues, réunies et analysées par M. Poudra. Tome II. Leiber, éditeur à Paris.

  • Rashed, R. 2008 Apollonius de Perge, Coniques, Tome 1.1: Livre I. Scientia Graeco-Arabica. Walter de Gruyter, Berlin, New York.

  • Rashed, R. 2010. Apollonius de Perge, Coniques, Tome 2.1: Livres II et III. Scientia Graeco-Arabica. Walter de Gruyter, Berlin, New York.

  • Taton, R. 1951. L’œuvre mathématiques de G. Desargues. Bibl. de philosophie contemporaine Félix Alcan. Paris: Presses universitaires de France.

    Google Scholar 

  • Ver Eecke, P. 1933. Pappus d’Alexandrie, la collection mathématique, tome premier. Paris, Bruges: Desclée de Brouwer et Cie.

    MATH  Google Scholar 

  • Zacharias, M. 1941. Desargues’ Bedeutung für die projektive Geometrie. Deutsche Mathematik 5: 446–457.

    MATH  MathSciNet  Google Scholar 

Download references

Remerciements

les auteurs tiennent à remercier l’équipe de la licence sciences et humanités de l’université d’Aix-Marseille, sans qui ce travail n’aurait jamais vu le jour ; nous remercions en particulier Sara Ploquin-Donzenac pour son aide précieuse et constante. Nous tenons également à remercier Valérie Debuiche et Sylvie Pic pour les fructueuses discussions que nous avons au sujet du Brouillon Project. Enfin, nous remercions plus particulièrement Philippe Abgrall pour ses nombreuses suggestions et sa relecture attentive du présent texte.

Author information

Authors and Affiliations

Authors

Corresponding author

Correspondence to Jean-Yves Briend.

Additional information

Communicated by: Jeremy Gray.

Appendice: Les résultats euclidiens utilisés par Desargues pour son étude de l’involution

Appendice: Les résultats euclidiens utilisés par Desargues pour son étude de l’involution

Dans les démonstrations de ses résultats fondamentaux sur l’involution, à savoir l’équivalence entre les notions d’arbre et d’involution (voir. le paragraphe 2.3) et le théorème de la Ramée énonçant l’invariance par projection centrale, Desargues utilise un langage et des méthodes strictement euclidiens. Il va employer sans jamais les nommer, car ils font partie du bagage commun à tout lecteur potentiel du Brouillon, quelques résultats de bases sur les proportions que nous rappelons ici pour la commodité du lecteur.

En revanche, à la fin de la page 2, il donne une liste explicite de propositions tirées des Éléments d’Euclide, qui curieusement, ne seront nullement utilisées dans les dix premières pages. Donnons-en la citation complète:«Proposition comprenant les 5 & 6 du second des Elemens d’Euclides. Proposition comprenant les 9 & 10 du 2 des Elemens d’Euclides. Proposition comprenant les 35 & 36 du 3 des Elemens d’Euclides ». Desargues précise dans ses notes correctives qu’il s’agit de ces propositions et de leur converse, c’est-à-dire leur réciproque. Il va en fait les rappeler à la page 26 du Brouillon pour en faire usage dans son étude des propriétés des asymptotes de l’hyperbole. Nous les rappellerons cependant, afin de donner un exposé complet. Il cite enfinFootnote 103 une proposition, «énoncée autrement en PtoloméeFootnote 104 »qui n’est autre que le théorème aujourd’hui connu sous le nom de théorème de Ménélaüs et dont il donne une preuve un peu plus loin. Nous laisserons de côté cette dernière proposition, qui ne trouve son usage que lorsque Desargues s’attaque à la géométrie plane proprement dite, lors de la démonstration du théorème de la Ramée énonçant l’invariance de la configuration d’involution par projection centrale.

Il est difficile de savoir à quelle source Desargues se réfère concernant les résultats euclidiens, et nous nous sommes basés sur l’édition française des Éléments parue en 1621, due à Didier (ou Denis) Henrion (voir Henrion 1621). Comme à son habitude, il évite la terminologie latine ou d’origine grecque et utilise à la place un vocabulaire français. On trouve souvent à la fin d’un argument concernant des proportions une conclusion comme «& alternement, composant, divisant, & le reste ». Cela signifie qu’en utilisant les propositions classiques d’Euclide concernant les proportions, souvent cités sous leur nom latin de invertendo, componendo ou dividendo, on peut déduire un certain nombre de résultats qu’il pourra utiliser par la suite.

Alternando.  Étant donnée la proportion \(a/b=c/d\), alors \(a/c=b/d\).

Componendo.  Étant donnée la proportion \(a/b=c/d\), alors \((a+b)/b=(c+d)/d\).

Dividendo.  Étant donnée la proportion \(a/b=c/d\), alors \((a-b)/b=(c-d)/d\).

Invertendo.  Étant donnée la proportion \(a/b=c/d\), alors \(b/a=d/c\).

Convertendo.  Étant donnée la proportion \(a/b=c/d\), alors \(a/(a-b)=c/(c-d)\).

Terminons cette courte liste par un résultat que Desargues utilise souvent, qui est la proposition 12 du livre 5 des Éléments, que l’on peut énoncer ainsi: si

$$\begin{aligned} \frac{a}{b}=\frac{c}{d} \end{aligned}$$

alors

$$\begin{aligned} \frac{a}{b}=\frac{a+c}{b+d}, \end{aligned}$$

ainsi que la proportion qui s’en déduit par soustraction, et alternement, composant, divisant, & le reste.

Rights and permissions

Reprints and permissions

About this article

Check for updates. Verify currency and authenticity via CrossMark

Cite this article

Anglade, M., Briend, JY. La notion d’involution dans le Brouillon Project de Girard Desargues. Arch. Hist. Exact Sci. 71, 543–588 (2017). https://doi.org/10.1007/s00407-017-0196-5

Download citation

  • Received:

  • Published:

  • Issue Date:

  • DOI: https://doi.org/10.1007/s00407-017-0196-5

Navigation