Influence respective des repères visuels et des repères chimiques dans l'orientation deFormica polyctena au cours de l'exploitation d'une source de nourriture

Resume

La répétition de expériences de choix entre repères visuels et repères chimiques nous ont permis de constater que l'utilisation de ces repères orientationnels est variable: dans certains cas, toutes les fourmis s'orientent par rapport aux repères chimiques, dans d'autres cas le nombre de fourmis qui s'orientent par rapport aux repères visuels est supérieure, identique ou inférieure au nombre de fourmis qui s'orientent par rapport aux repères chimiques. Nous n'avons jamais obtenu le cas dans lequel toutes les fourmis s'orientent par rapport aux repères visuels. L'analyse des données par la méthode de l'analyse factorielle des correspondances montre que l'utilisation des repères visuels et chimiques dépend étroitement de certains paramètres qui ont varié au cours des expériences successives. Il ressort de cette analyse que dans la majorité des cas, toutes les fourmis s'orientent par rapport aux repères chimiques lorsque les expériences ont lieu au printemps, le matin, après une période de nourrissage préliminaire courte et sous certaines conditions climatiques. D'autre part, ce serait en été qu'un grand nombre d'entre elles s'orientent par rapport aux repères visuels. Les paramètres saison, heure de la journée, durée du nourrissage préliminaire apportent des éléments positifs à l'hypothèse suivant laquelle l'utilisation des repères visuels et chimiques est fonction de l'expérience individuelle des fourmis. Dans un premier temps, les ouvrières recrutées et donc «inexpérimentées» sont guidées vers la source de nourriture par la piste chimique déposée sur le substrat par les ouvrières qui ont découvert la source de nourriture par hasard. Lors des premiers voyages, recruteuses et recrutées guidées par les repères chimiques apprennent à s'orienter sur les repères visuels. Dans un deuxième temps, la piste chimique n'a qu'une influence minime dans l'orientation de ces mêmes fourmis; elles se dirigent alors par rapport à des repères visuels. En revanche, la piste qui continue à être déposée permet le guidage vers la source de nourriture de nouvelles ouvrières «inexpérimentées». Le fait que les ouvrières expérimentées restent sensibles à la présence d'une piste chimique déposée sur le trajet qu'elles empruntent habituellement rend possible le retour aux repères chimiques en tant que repères orientationnels.

Summary

We report the result of 34 experiments in which ants could use visual and chemical cues to orientate after foraging on honey.

In some cases, all ants used chemical cues; in other cases most ants used visual cues as well as chemical cues. However, we never observed the case that all ants used only visual cues. Analysis of the data by correspondance analysis (=reciprocal averaging) shows that the use of chemical or visual cues closely depends on parameters which changed from one experiment to another throughout the year. In the majority of cases, all ants used chemical cues when experiments were carried out in spring, in the morning, after a preliminary short period of feeding and under certain climatic conditions. A greater number of ants used visual cues in summer. The study of parameters which influence the orientation in relation to chemical or visual cues tends to confirm the hypothesis that individual experimence is involved in selection of visual cues rather than of chemical cues. When recruited ants were naive they find the food place by following the chemical trail which was laid down by experienced workers were foraging on that area. Then recruited ants progressively learn to use visual cues. But as the chemical trail would still be laid down, foragers could use chemical cues as well as visual cues.