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Comparaison et Similitude

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  1. Une des plus importantes d'entre elles, celle de C. F. P. Stutterheim (Het begrip Metaphoor. Amsterdam, 1941), tout en s'efforçant de ramener la métaphore à une compariason, sans aboutir à un résultat valable (cf. pp. 522 sqq), a pourtant le mérite de rappeler le caractère ambigu du termecomparaison (vergelijking) qui peut désigner une figure de rhétorique, un «acte linguistique» aussi bien qu'un «acte psychique» de comparer (p. 524): la parenté linguistique de la métaphore avec la première de ces acceptions étant impossible, reste son rapport avec la deuxième, idée qui, comme on le verra, n'était pas étrangère à Aristote. Il n'empêche que, pour Stutterheim aussi, la comparaison en tant que «suite de mots dans une connexion syntaxique» correspond au latinsimilitudo, ce qui montre que son raisonnement se fonde sur cette définition fautive du terme en question.

  2. Elle était rejetée déjà par I. A. Richards (The Philosophy of Rhetoric. London, 1936, p. 99), de même que par les logiciens Perelman et Olbrechts-Tyteca (Traité de l'argumentation. Paris, 1958, t. II, p. 535): pour un aperçu historique plus détaillé de la question, v.Métonymie et métaphore d'Albert Henry (Paris, Klincksieck, 1970, pp. 53 sqq).

  3. Cette phrase a connu une curieuse variante dans certaines éditions anciennes du texte de Quintilien: (In totum autem metaphora brevior est quamsimilitudo), ainsi dans celle d'Ascensius (Paris, 1516), celle de Turnebus (Paris, 1556) et de Gibson (London, 1693), variante que l'on retrouve, sous forme de note, dans les éditions savantes de Burman (Strasbourg, 1720) et de Capperonnier (Paris, 1725). Aussi l'abbé de Pure devait se servir d'une édition semblable pour la faire passer en français, puisqu'il traduit:Sur tout il faut remarquer que la métaphore est plus succinte que la comparaison (De l'institution de l'orateur. Paris, 1663, t. II, p. 115). Les éditions modernes du texte, y compris la toute dernière, celle de Winterbotton (London, 1970), semblent ignorer cette variante qui, compte tenu de la signification exacte du termesimilitudo, apparaîtra effectivement comme une erreur. D'ailleurs l'idée de la métaphore «similitude abrégée» se trouve déjà chez Cicéron (Similitudinis est ad verbum unum contracta brevitas. De orat. 3. 39. 157) bien que l'authenticité de ce passage soit contesté par certains éditeurs (cf. éd. Kumaniecki, Leipzig, 1969, p. 323, note), et que pqr exemple Bornecque, dans l'édition Budé (1930), le considère comme une addition postérieure.

  4. Op. cit. Cette phrase a connu une curieuse variante dans certaines éditions anciennes du texte de Quintilien: (In totum autem metaphora brevior est quamsimilitudo), ainsi dans celle d'Ascensius (Paris, 1516), celle de Turnebus (Paris, 1556) et de Gibson (London, 1693), variante que l'on retrouve, sous forme de note, dans les éditions savantes de Burman (Strasbourg, 1720) et de Capperonnier (Paris, 1725). Aussi l'abbé de Pure devait se servir d'une édition semblable pour la faire passer en français, puisqu'il traduit:Sur tout il faut remarquer que la métaphore est plus succinte que la comparaison (De l'institution de l'orateur. Paris, 1663, t. II, p. 115). Les éditions modernes du texte, y compris la toute dernière, celle de Winterbotton (London, 1970), semblent ignorer cette variante qui, compte tenu de la signification exacte du termesimilitudo, apparaîtra effectivement comme une erreur. D'ailleurs l'idée de la métaphore «similitude abrégée» se trouve déjà chez Cicéron (Similitudinis est ad verbum unum contracta brevitas. De orat. 3. 39. 157) bien que l'authenticité de ce passage soit contesté par certains éditeurs (cf. éd. Kumaniecki, Leipzig, 1969, p. 323, note), et que par exemple Bornecque, dans l'édition Budé (1930), le considère comme une addition postérieure. p. 60.

  5. Cette évidence ne doit pourtant pas faire oublier que les comparaisons de degré et les comparaisons par juxtaposition ne sont pas les seules qu'il est impossible de réduire en métaphore: il en est de même pour toutes les variantes de cette figure. Très souvent, cela paraît moins évident lorsqu'on analyse cette possibilité de transformation de façon trop abstraite, indépendamment de tout contexte: c'est ce qu'on pourrait reprocher à Stutterheim (op. cit., Cette phrase a connu une curieuse variante dans certaines éditions anciennes du texte de Quintilien: (In totum autem metaphora brevior est quamsimilitudo), ainsi dans celle d'Ascensius (Paris, 1516), celle de Turnebus (Paris, 1556) et de Gibson (London, 1693), variante que l'on retrouve, sous forme de note, dans les éditions savantes de Burman (Strasbourg, 1720) et de Capperonnier (Paris, 1725). Aussi l'abbé de Pure devait se servir d'une édition semblable pour la faire passer en français, puisqu'il traduit:Sur tout il faut remarquer que la métaphore est plus succinte que la comparaison (De l'institution de l'orateur. Paris, 1663, t. II, p. 115). Les éditions modernes du texte, y compris la toute dernière, celle de Winterbotton (London, 1970), semblent ignorer cette variante qui, compte tenu de la signification exacte du termesimilitudo, apparaîtra effectivement comme une erreur. D'ailleurs l'idée de la métaphore «similitude abrégée» se trouve déjà chez Cicéron (Similitudinis est ad verbum unum contracta brevitas. De orat. 3. 39. 157) bien que l'authenticité de ce passage soit contesté par certains éditeurs (cf. éd. Kumaniecki, Leipzig, 1969, p. 323, note), et que par exemple Bornecque, dans l'édition Budé (1930), le considère comme une addition postérieure, p. 518), et aussi à Michel Le Guern (Sémantique de la métaphore et de métonymie. Paris, Larousse, 1973, pp. 52 sqq) qui remarque d'ailleurs avec justesse que le terme actuel decomparaison est trop large pour ce que la langue française appelaitsimilitude au XVIIe siècle; cependant, même si l'on accepte que cettesimilitude signifiait alors une simple comparaison de type «il est bête comme un âne», on ne voit pas très bien comment une telle «similitude» s'abrégerait à son tour en métaphoredans un contexte donné. Et ceci n'est pas pour contester que, bien sûr, théoriquement toutes deux reposent sur le même mécanisme de double synecdoque (cf.Rhétorique générale. Paris, Larousse, 1970, pp. 106 sqq).

  6. Toutefois il est à noter qu'Aristote se servira du termeάvτiπαϱαβoλή en parlant de l'opposition (donc comparaison) des arguments dans laRhétorique (III 13, 1414b 2, 10 et III 19, 1419b 33) avec cet exemple: “Mon adversaire a dit cela sur tel sujet; moi, j'ai dit ceci, et pour telles raisons». On voit bien qu'il s'agit ici, contrairement àσύγϰϱiσiς, d'une mise en parallèle de deux choses ou de deux personnes par juxtaposition, mais que Quintilien appellera aussicomparatio (9.2.100). V. encore la note 28.

  7. Cf. infra, fin de la partie II.

  8. Cf. l'introduction de Jacques Brunschwig au tome I desTopiques, éd. Budé, 1967, pp. LVIII sq.

  9. Le fait que l'attribut figure ici commeaccident du sujet, n'a aucune importance pour le moment, tant qu'il est question de l'examen de certaines structures de comparaison. Par contre, ce même accident qui —avec la définition, le propre et le genre—est un des quatre éléments dialectiques de l'attribution (cf.Top. I 5), et qui «se dit de ce qui appartient à un être et peut en être affirmé avec vérité, mais n'est pourtant ni nécessaire, ni constantλ (Métaphysique, D 30, 1025 a 14–16), trad. par J. Tricot, Paris, 1940), sera très utile lorsque nous aurons à juger et à classer les comparaisons «métalogiques» du type:Pierre est intelligent comme son père où le référent du message est nécessairement mis en cause pour comprendre la signification juste de la figure (cf.Rhétorique générale, p. 113), mais l'essentiel du phénomène réside dans la prédication accidentelle.

  10. Dans ce sens,σiγϰϱiσiς est plutôt un examen de cohérence, une étude comparative, notamment entre les prémisses et la conclusion d'un syllogisme, avec l'aide du lieu qui est la base de cette comparaison (cf. W. A. de Pater,Les Topiques d'Aristote et la dialectique platonicienne. Fribourg, 1965, p. 145). Pour citer un cas analogue, on se souviendra qu'Aristote raisonne de la même façon lorsqu'il emploie le terme,άϰoλoύθησiς (=consécution) qui désigne «non la relation d'implication qui peut s'établirentre deux propositions, mais la relation entre l'attribut et le sujet d'une même proposition» (J. Brunschwig, id, p. 149: note 2 relative à II 8, 113 b 16).

  11. V. supra, note 9. Le fait que l'attribut figure ici commeaccident du sujet, n'a aucune importance pour le moment, tant qu'il est question de l'examen de certaines structures de comparaison. Par contre, ce même accident qui —avec la définition, le propre et le genre—est un des quatre éléments dialectiques de l'attribution (cf.Top. I 5), et qui «se dit de ce qui appartient à un être et peut en être affirmé avec vérité, mais n'est pourtant ni nécessaire, ni constant» (Métaphysique, D 30, 1025 a 14–16), trad. par J. Tricot, Paris, 1940), sera très utile lorsque nous aurons à juger et à classer les comparaisons «métalogiques» du type:Pierre est intelligent comme son père où le référent du message est nécessairement mis en cause pour comprendre la signification juste de la figure (cf.Rhétorique générale, p. 113), mais l'essentiel du phénomène réside dans la prédication accidentelle.

  12. Métaphysique, D 9, 1018 a 16–18.

  13. Pour l'opposition très explicite du semblable (par le plus ou le moins) et de l'analogue, v.Les parties des animaux, 644 a 16–22: «tous les genres qui diffèrent entre eux par un excédent, c'est-à-dire par le plus ou le moins, sont réunis dans un même genre; au contraire, ceux qui présentent des rapports d'analogie sont classés à part. Je veux dire, par exemple, qu'un oiseau diffère d'un autre oiseau par le plus, autrement dit par un excédent (l'un a de grandes ailes, l'autre de petites), tandis que les poissons diffèrent d'un oiseau suivant le rapport d'analogie (ce qui est plume chez l'un est écaille chez l'autre).» (trad. par P. Louis, éd. Budé, Paris, 1956). V. encore id, 644 b 7–15.

  14. Paris, 1939, tome II, p. 68, note 1. En fait, cette explication ingénieuse deόμiότης remonte à un commentaire de Th. Waitz relatif à ce passage: «id quod dici solet» «tertium comparationis». Loquitur enim Aristoteles de iis rebus quarum similitudo, quamquam appareat quandam earum esse similitudinem, qua in re posita sit non satis eluceat» (AristotelesOrganon graece. Ed. Theodorius Waitz, Lipsiae, 1846, p. 496).

  15. Cf. supra, note 9. Le fait que l'attribut figure ici commeaccident du sujet, n'a aucune importance pour le moment, tant qu'il est question de l'examen de certaines structures de comparaison. Par contre, ce même accident qui —avec la définition, le propre et le genre—est un des quatre éléments dialectiques de l'attribution (cf.Top. I 5), et qui «se dit de ce qui appartient à un être et peut en être affirmé avec vérité, mais n'est pourtant ni nécessaire, ni constant» (Métaphysique, D 30, 1025 a 14–16), trad. par J. Tricot, Paris, 1940), sera très utile lorsque nous aurons à juger et à classer les comparaisons «métalogiques» du type:Pierre est intelligent comme son père où le référent du message est nécessairement mis en cause pour comprendre la signification juste de la figure (cf.Rhétorique générale, p. 113), mais l'essentiel du phénomène réside dans la prédication accidentelle.

  16. Cf.Rhétorique II 23, 1397 b 14–16: «si un prédicat qui pourrait être vraisemblablement affirmé d'une chose ne lui appartient pas, il est clair qu'il n'appartient pas non plus à la chose dont il pourrait être moins vraisemblablement affirmé» (éd. Budé, trad. par M. Dufour, Paris, 1960).

  17. «La comparaison poétique; essai de systématique»,Langages 12 (1968), p. 47.

  18. V. par exemple, pour I 5, 102 b 15, la traduction de Boethius (début du VIe siècle) et et la traduction anonyme du XIIe siècle, publiées dans la collection de l'Aristoteles Latinus V 1–3: Topica, ed. Laurentius Minio-Paluello, Leiden, 1969; v. encore le passage correspondant dans AristotelisOpera Omnia (éd. bilingue grec-latin de Guillaume du Vallio), Paris, 1629. Le termeσύγϰϱiσiς qu'Hermogène reprend plus tard dans le traité de l'invention de saRhétorique (IV 14) sera interprété également commecomparatio par Priscianus Grammaticus au VIe siècle (De Praeexercitamentis Rhetoricae ex Hermogene Liber, inAntiqui rhetores latini, Argentirati, 1756, p. 363), ainsi que par G. Laurentius au début du XVIIe siècle, qui traduit et commente abondamment le texte d'Hermogène (Hermogenis Ars oratoria absolutissima, Coloniae Allobrogum, 1614, 116 sqq).

  19. Top. III 11, inDivisions de l'art oratoire. Topiques. Éd. Budé, trad. par H. Bornecque, Paris, 1924.

  20. Cf.La Rhetorique du Prince de la Mothe le Vayer. Paris, 1651, p. 14.

  21. On retrouve la même division à plusieurs reprises dans l'œuvre de Cicéron:Top. XVIII 71,Part. orat. 2. 7,De orat. 2. 39. 166 sqq.

  22. Pour une analyse détaillée de la correspondance entre la conception de Cicéron et celle d'Aristote dans le domaine des «comparaisons de degré», v. Benedetto Riposati,Studi sui Topica di Cicerone. Milano, 1947, pp. 141 sqq. Riposati se réfère aussi à plusieurs rhéteurs du Moyen Age qui reprennent la conception de Cicéron (p. 137, note 3). Cette phrase a connu une curieuse variante dans certaines éditions anciennes du texte de Quintilien: (In totum autem metaphora brevior est quamsimilitudo), ainsi dans celle d'Ascensius (Paris, 1516), celle de Turnebus (Paris, 1556) et de Gibson (London, 1693), variante que l'on retrouve, sous forme de note, dans les éditions savantes de Burman (Strasbourg, 1720) et de Capperonnier (Paris, 1725). Aussi l'abbé de Pure devait se servir d'une édition semblable pour la faire passer en français, puisqu'il traduit:Sur tout il faut remarquer que la métaphore est plus succinte que la comparaison (De l'institution de l'orateur. Paris, 1663, t. II, p. 115). Les éditions modernes du texte, y compris la toute dernière, celle de Winterbotton (London, 1970), semblent ignorer cette variante qui, compte tenu de la signification exacte du termesimilitudo, apparaîtra effectivement comme une erreur. D'ailleurs l'idée de la métaphore «similitude abrégée» se trouve déjà chez Cicéron (Similitudinis est ad verbum unum contracta brevitas. De orat. 3. 39. 157) bien que l'authenticité de ce passage soit contesté par certains éditeurs (cf. éd. Kumaniecki, Leipzig, 1969, p. 323, note), et que par exemple Bornecque, dans l'édition Budé (1930), le considère comme une addition postérieure.

  23. Cf. supra, note 13. Pour l'opposition très explicite du semblable (par le plus ou le moins) et de l'analogue, v.Les parties des animaux, 644 a 16–22: «tous les genres qui diffèrent entre eux par un excédent, c'est-à-dire par le plus ou le moins, sont réunis dans un même genre; au contraire, ceux qui présentent des rapports d'analogie sont classés à part. Je veux dire, par exemple, qu'un oiseau diffère d'un autre oiseau par le plus, autrement dit par un excédent (l'un a de grandes ailes, l'autre de petites), tandis que les poissons diffèrent d'un oiseau suivant le rapport d'analogie (ce qui est plume chez l'un est écaille chez l'autre).» (trad. par P. Louis, éd. Budé, Paris, 1956). V. encore id, 644 b 7–15.

  24. Cf. supra, à propos des lieux du préférable dans lespopiques III. 1–3.

  25. Principes généraux et raisonnés de l'art oratoire. Rouen et Paris, 1785. 266 sq.

  26. Les figures du discours. Paris, 1968, 429.

  27. Selon Quintilien (9. 2. 101), Rutilius Lupus a donné le nom d'antithèse à cette figure, tout comme Celsus ou Visellius (cf. Jean Cousin,Études sur Quintilien. Paris, 1936, tome I, p. 469). Ce dernier terme avait, pour Aristote, une signification nettement plus large que cettecomparatio: celle de l'opposition de deux membres ou deux parties du discours (Rhét. III 9, 1409 b 33 sqq) et Quintilien reprend d'ailleurs lui-même l'étude de cette antithèse aristotélicienne sous le vocable decontrapositum oucontentio (9. 1. 31, 9. 2. 2 et 9. 3. 81), cf. Cousin, id, tome II, pp. 46 sqq. Il faut bien remarquer aussi que, pour Fontanier, l'antithèse (figure déjà différente du parallèle) n'est pas, malgré la définition donnée par cet auteur, une opposition de deux objets ou de deux personnes, mais de deuxsignifiés faisant contraste dans un dialogue ou dans une description (cf. id, pp. 379 sqq); aussi il la range parmi les figures de mot, tandis que Quintilien n'est pas du tout fixé sur ce point, pas plus d'ailleurs que l'auteur de laRhétorique à Herennius (4. 45. 58).

  28. L'auteur de cette rhétorique qui définit lasimilitudo comme «oratio traducens ad rem quampiam aliquid ex re dispari simile» (4. 45. 59), en distingue quatre espèces:per contrarium, per negationem, per brevitatem etper conlationem, distinction assez superficielle fondée sur le contenu affirmatif ou négatif de la similitude par rapport au comparé, ou, dans le cas des deux dernières espèces, sur sa dimension syntagmatique. Pour une comparaison détaillée de ce système avec celui de Cicéron, v. Riposati, op. cit.,Studi sui Topica di Cicerone. Milano, 1947 p. 100.

  29. Sunt enim similitudines, quae ex pluribus conlationibus perveniunt quo volunt. Cicéron lui-même appelle ce raisonnement une induction, ce que conforme l'exemple cité: «si le tuteur, si l'associé, si le mandataire, si l'acquéreur fiduciaire doivent observer les règles de la bonne foi, le représentant en justice doit les observer également.»

  30. Alterum similitudinis genus conlatione sumitur, cum una res uni, par pari comparatur.

  31. Argumentum a paritate procedet non ab uno simili ad universale continens omnia similia, sed ab uno simili ad aliud simile. Aristotelis Opera... Rome, 1668, cité par J. Tricot, id, tomeII, p. 160, note 1.

  32. Cf.Rhétorique générale, pp. 106 sqq.

  33. Ce syllogisme, appartenant dans le cas précis à la première figure, second mode concluant (cf.Prem. anal. I 4, 25 b 40–26 a 2, et la note 1 de Tricot, p. 14), donne le schéma suivant:\(\frac{{\begin{array}{*{20}c} {NulBn'estA} \\ {ToutCestB} \\ \end{array} }}{{NulCn'estA}}\)

  34. Le raisonnement par l'exemple doit remplir deux conditions (cf. 68 b 39–40): premièrement, le moyen doit être connu déjà comme appartenant au mineur (rapport CB); deuxièmement, et ceci est capital pour les comparaisons, il faut qu'on connaisse que le major appartient au «quatrième terme» qui est le comparant (rapport DA). En effet, dans une comparaison telle queCet aspirateur est puissant comme un éléphant, l'assertion propositionnelle sur laquelle toute la figure repose, nous semble incontestablement cetéléphant est puissant qui correspond, vu sa structure et son rôle dans la figure, à ce que symbolise précisément ce rapport DA.

  35. Cette induction, recouvrant formellement un syllogisme de la troisième figure, second mode concluant (cf.Prem. anal. I 6, 28 a 2i–28, et la note 2 de Tricot, p. 34) donne le schéma suivant:\(\frac{{\begin{array}{*{20}c} {NulDn'estA} \\ {ToutDestB} \\ \end{array} }}{{NulBn'estA}}\) Seulement, étant donné que D ne symbolise ici qu'une chose singulière, la conclusion est entièrement arbitraire.

  36. Pour la différence entre l'induction et l'exemple, v.Prem. anal. II 24, 69 a 16–19, et aussiRhét. I 2, 1356 b 4 où il est dit que l'exemple est l'induction de la rhétorique. La rigueur scientifique n'est évidemment pas propre à l'art oratoire.

  37. Cf. supra, note 13. Pour l'opposition très explicite du semblable (par le plus ou le moins) et de l'analogue, v.Les parties des animaux, 644 a 16–22: «tous les genres qui diffèrent entre eux ar un excédent, c'est-à-dire par le plus ou le moins, sont réunis dans un même genre; au contraire, ceux qui présentent des rapports d'analogie sont classés à part. Je veux dire, par exemple, qu'un oiseau diffère d'un autre oiseau par le plus, autrement dit par un excédent (l'un a de grandes ailes, l'autre de petites), tandis que les poissons diffèrent d'un oiseau suivant le rapport d'analogie (ce qui est plume chez l'un est écaille chez l'autre).» (trad. par P. Louis, éd. Budé, Paris, 1956). V. encore id, 644 b 7–15.

  38. Revenant à notre exemple cité ci-dessus (note 35), ce serait absurde d'essayer de ramener l'aspirateur et l'éléphant au même genre, donc de les déclarer semblables. Ils ne sont semblables que dans leur rapport vis-à-vis de l'attribut commun.

  39. En réalité, Quintilien complique davantage la ramification de l'exemple historique, en distinguant encore ceux qui, appartenant au genre démonstratif, sont destinés à prouver une chose passée, de ceux qui, appartenant au genre délibératif, ont pour objet de prévoir l'avenir (7–8). Pour illustrer cette dernière espèce, il reprend d'ailleurs un exemple fourni par Aristote sous le vocable deπάϱπδɛiγμα (Rhét. I 2, 1357 b 30–36). Quintilien suggère en outre de distinguer lesexemples qui sontsemblables à la chose à prouver, de ceux qui sont plus grands ou plus petits que celle-là (9–12).

  40. On ne doit par oublier que l'exemple et lasimilitude signifiaient, pour Aristote, des «principes de raisonnement» au même titre que l'induction, avec la seule différence qu'ils vont de la partie à la partie, tandis que l'induction va de la partie au tout (cf.Top. VIII. 1, 156 b 10–17;Rhét. I. 2, 1357 b 25–35 et II. 20, 1393 a 26–27). L'usage, probablement d'origine synecdochique, de ces termes (on attribue le nom d'une partie de la figure à toute la figure) devait influencer le vocabulaire rhétorique à partir du Moyen Age, et expliquerait, à propos de lasimilitude, la naissance de cette étrange variante d'une phrase de Quintilien, citée plus haut (note 3). Mais l'ambiguité ou, si l'on veut, la contradiction existe aussi à l'intérieur du texte de l'Institution oratoire: laparabole est tantôt une espèce de similitude, comme on vient de le voir, tantôt une figure composée d'une similitude et d'une chose comparée (cf. 8. 3. 77).

  41. Cf. les exemples cités par Quintilien, 5. 11. 24–26.

  42. Cette condition de lasimilitude rappelle celle qui était exigée par Aristote pour l'exemple (cf. supra, note 35). Seulement tandis qu'Aristote demande, non pas la connaissance de la chose devenue similitude, mais l'appartenance connue du majeur de l'induction (qui recouvre en fait l'attribut commun de la comparaison) à l'exemple, Quintilien se contente de la «clarté» de la similitude.

  43. Du point de vue terminologique, il n'est peut-être pas sans intérêt de comparer les passages correspondants dans les différentes traductions françaises du texte de Quintilien, faites au cours des quatre derniers siècles. Abbé de Pure (1663):Dans toute parabole, la similitude précède et la chose suit, ou au contraire. Abbé Gedoyn (1718):Or dans toute comparaison, ou bien la similitude précède et la chose suit, ou bien la chose précède et la similitude suit. Ouizille (1832):Or dans toute comparaison, ou c'est la similitude qui précède l'objet, ou c'est l'objet lui-même qui précède la similitude. Bornecque (1934):Dans toute similitude, la comparaison précède et la chose suit, ou la chose précède et la comparaison suit. Cette dernière version, reflétant une confusion terminologique complète, nous paraît inacceptable, et si l'on y ajoute certaines inconséquences telles que, par exemple, le terme desimilitudo est rendu tantôt parcomparaison (9. 1. 31), tantôt parsimilitude (9. 2. 2), quoiqu'il s'agisse du même contexte il faut bien conclure que la traduction de Bornecque ne peut être utilisée qu'avec beaucoup de réserves, ces réserves ne concernant bien sûr que l'usage fait des termes en question.

  44. Nous suivons ici la terminologie de G. Genette qui désigne par «modalisateur» l'élément grammatical attachant un comparé à un comparant, cf. «La rhétorique restreinte», inCommunications 16 (1970), p. 164.

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  45. La préface de l'édition de l'Institution oratoire par Gesner (Gottinga, 1738) fait état de 117 éditions du texte de Quintilien, uniquement entre 1468 et 1728.

  46. Sans entrer ici dans les détails, signalons simplement que le vocabulaire du XVIIe siècle français semble confondre, dès le début, les termes decomparaison et desimilitude, mais, chose remarquable,désigne toujours le comparant par chacun d'eux. C'est ce qu'on peut déceler dans leTableau de l'éloquence française de Charles de St Paul (Paris, 1632, p. 236) ou dans l'Anti-roman de Charles Sorel (Paris, 1633, tome I, pp. 325 sq), et c'est ce qui est déjà évident dansLa Rhétorique française de Le Gras (Paris, 1671, pp. 208 sqq) ou dansLa Rhétorique ou l'Art de parler de Bernard Lamy (Paris, 1675, pp. 90 sqq). Ce fut probablement vers la fin du siècle qu'on inversa cet usage, c'est-à-dire qu'on désigna par ces deux termes la figure entière, qu'on se servit infifféremment de l'un ou de l'autre pour signifier le rapport de deux choses comparées. C'est ce qui se reflète et se manifeste nettement à partir de la première édition duDictionnaire de l'Académie française (1694), pour qui la similitude est «une comparaison par laquelle on fait voir le rapport qu'il y a entre deux ou plusieurs choses». Et s'il est vrai que ce dictionnaire ne consacrera la formule «métaphore=comparaison abrégée» que dans sa septième édition parue en 1878, il est aussi remarquable que les dictionnaires contemporains de sa premièer édition ou conçus parallèlement comme celui de Furetière (paru en 1691, mais Furetière était déjà mort en 1688), sont beaucoup moins catégoriques sur ce sujet. Aux yeux de ce dernier, la similitude est un «exemple qui sert de comparaison» et par laquelle «on fait concevoir les mystères au peuple».

  47. Cet auteur reprend d'ailleurs largement les commentaires, faits par d'autres éditeurs, du même texte, surtout ceux de Turnebus (Paris, 1556) qui seraient ainsi à l'origine de son explication.

  48. Cf. p. 497, note 382, portant sur 8. 3. 77.

  49. On sait que, pour Aristote, «les métaphores les plus réputées» devaient se fonder sur une analogie (cf. par exempleRhét. III. 10, 1411 a 1 sqq), et que, d'autre part, les similitudes ou images (ɛiϰώv) étaient considérées comme des métaphores privées du modalisateur comparatif (id. 1410 b 17 sqq). Fait remarquable: l'exemple que cite Aristote en parlant des métaphores par analogie, est plutôt une comparaison (cf. éd. Budé, tome III, p. 65, note 1). Une des plus importantes d'entre elles, celle de C. F. P. Stutterheim (Het begrip Metaphoor Amsterdam, 1941), tout en s'efforçant de ramener la métaphore à une comparaison, sans aboutir à un résultat valable (cf. pp. 522 sqq), a pourtant le mérite de rappeler le caractère ambigu du termecomparaison (vergelijking) qui peut désigner une figure de rhétorique, un «acte linguistique» aussi bien qu'un «acte psychique» de comparer (p. 524): la parentélinguistique de la métaphore avec la première de ces acceptions étant impossible, reste son rapport avec la deuxième, idée qui, comme on le verra, n'était pas étrangère à Aristote. Il n'empêche que, pour Stutterheim aussi, la comparaison en tant que «suite de mots dans une connexion syntaxique» correspond au latinsimilitudo, ce qui montre que son raisonnement se fonde sur cette définition fautive du terme en question.

  50. Les propositions semblables à cetAchille est un lion étaient pendant longtemps qualifiée de «métaphores par identification». Cette erreur n'est qu'une des conséquences de l'assimilation de la métaphore à une comparaison abrégée: en effet, siAchille est comme un lion est une comparaison (et certes, c'en est une), et si, d'autre part, la métaphore est une comparaison dépourvue de son modalisateur comparatif, il est bie évident que la proposition citée ci-dessus ne peut être autre chose qu'une métaphore. Seulement, il faut aussi admettre que, dans cette même phrase, il n'y a qu'un seul mot (lelion) qui soit métaphorique, sans être, lui non plus, une métaphore proprement dite. Les deux raisonnements ne sont visiblement pas compatibles.

  51. Cours de séminaire à l'École Normale Supérieure, année 1973/74, sous le titre de «Rhétorique et symbolique».

  52. Fable no 213: «Le lion qui a peur d'une souris et le renard», inFables d'Épose, Paris, éd. Budé, 1927, p. 94.

  53. Ces changements ne sont pas uniquement formels: il est bien connu comment les Pères de l'Église ont modifié le fond même des figures de rhétorique, en les adaptant à l'interprétation de la Bible. C'est ainsi qu'ils parlaient toujours desparaboles du Christ ou de l'image de Dieu. Cf. C. Mondésert,Clément d' Alexandrie, Paris, 1944, p. 134; R. bernard,L'image de Dieu d'après St Athanase, Paris, 1952, pp. 21 sqq; v. aussi les articlesπαϱαβoλή etɛiϰώv dansA Patristic greek Lexicon (ed. by E. W. H. Lampe), Oxford, 1961.

  54. V. par exemple la polémie entre Lamy (La rhétorique de Collège trahie par son apologiste) et Gibert «l'un des professeurs de rhétorique au Collège Mazarin» (Réflexions sur la rhétorique ou l'on répond auxobjections du P. Lamy, Paris, 1707, tome I, pp. 28 sqq).

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Vigh, Á. Comparaison et Similitude. Neohelicon 5, 191–218 (1977). https://doi.org/10.1007/BF02093139

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