Données histophysiologiques sur le cycle annuel de l'hypophyse chez Vipera aspis (L.)

Resumé

L'étude histophysiologique de l'hypophyse au cours du cycle annuel et des cycles reproducteurs, chez Vipera aspis, apporte les données suivantes:

• 1. Le produit de neurosécrétion est toujours abondant pendant l'hivernage. Durant la période active, malgré d'importantes variations individuelles, il est, en moyenne, beaucoup moins abondant chez les femelles que chez les mâles et il a toujours disparu du lobe nerveux aprés la parturition.

• 2. Les cellules du lobe intermédiaire présentent de trés importantes variations individuelles. Aucun cycle n'a pu être décelé chez les mâles. Chez les femelles, on constate un développement accru pendant l'oestrus et une involution prononcée chez les post-parturientes en anoestrus.

• 3. Les cellules delta, ou thyréotropes, apparemment plus nombreuses chez les mâles, ne présentent de signes caractéristiques d'activité fonctionnelle que pendant les rares périodes d'hyperactivité thyroïdienne.

• 4. Les cellules beta, ou gonadotropes FSH, ont un cycle trés net, synchrone de l'activité spermatogenétique des mâles et de l'oestrus des femelles. Chez les mâles, ces éléments ne sont jamais au repos complet et présentent deux périodes de plus grande activité excrétrice (la premiére, bréve et peu prononcée, en février— mars, la seconde, plus longue et intense, en juillet—août) qui correspondent aux deux pointes d'activité spermatogenétique et aux deux seules périodes de spermiogenése normale. Chez les femelles, les cellules gonadotropes FSH sont visiblement actives pendant l'oestrus, en mars—avril de la premiére année du cycle et en septembre—octobre de la deuxiéme année, au moment ou se développe la théque interne des follicules ovariens. A l'anoestrus prolongé des femelles postparturientes correspond un stade de stockage sans activité excrétrice des cellules beta. Une bréve période d'hyperactivité de ces éléments a lieu aprés la parturition.

• 5. Les cellules gamma, ou gonadotropes LH, sont particuliérement faciles á mettre en évidence chez Vipera aspis. Chez les mâles, leurs variations annuelles sont synchrones de l'activité sexuelle, avec deux bréves périodes de repos, en juin—juillet et en décembre. Chez les femelles, les cellules gamma montrent des signes morphologiques d'intense activité excrétrice durant la vitellogenése (á la fin d'avril et en mai) et, á un degré bien moindre, pendant les périodes d'oestrus. Elles commencent á régresser au moment de l'ovulation et sont nettement involuées á la fin de la gestation et pendant l'anoestrus des femelles post-parturientes. Une bréve poussée d'activité peut avoir lieu aprés la parturition.

• 6. Les cellules ≪ acidophiles ≫ de la région caudale, dites alpha, sont généralement au repos chez les mâles mais, pendant la période active, elles peuvent être plus ou moins dégranulées chez quelques individus irréguliérement répartis. Chez les femelles, la dégranulation de ces éléments est la régle pendant l'oestrus et au moment de la parturition. Le reste du temps, ils semblent au repos chez la plupart des individus (particuliérement chez les femelles en anoestrus) mais non chez tous. La dégranulation des cellules alpha correspond généralement á une diminution de l'abondance des lipides biréfringents dans l'interrénale, bien que la corrélation ne soit pas rigoureuse á l'échelle individuelle. Ces constatation plaideraient en faveur d'un rôle corticotrope des cellules ≪acidophiles≫ de la région caudale, chez Vipera aspis.

• 7. Les variations annuelles des cellules ≪acidophiles≫ de la région médiorostrales, que nous avons provisoirement nommées cellules X, sont peu nettes chez les adultes et d'interprétation difficile. L'apparition précoce de ces éléments chez les embryons et leur activité constante au cours de la croissance pourraient suggérer qu'ils sont responsables de la sécrétion de l'hormone somatotrope.