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Dieu et son mirage : L’exégèse druze de Coran 24:39

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Islamic Philosophy and Occidental Phenomenology in Dialogue

Part of the book series: Islamic Philosophy and Occidental Phenomenology in Dialogue ((IPOP,volume 7))

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Abstract

Quoique le Coran ne soit pas le Livre sacré des druzes, il demeure un ouvrage de référence majeur. Les fondateur de la religion, Hamza Ibn ‘Alî et Isma‘îl al-Tamîmî en font un usage constant, mais en le soumettant à une interprétation qui en bouleverse le sens. L’auteur s’attache à en donner un exemple à travers l’exégèse qui est faite du verset 39 de la sourate de la Lumière. Dans le contexte coranique, ce verset signifie que les bonnes actions n’assurent pas le salut si leurs agents sont des infidèles. Pour Tamîmî, il concerne le Dieu qui a revêtu une forme humaine et comment le reconnaître sous son incognito.

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Notes

  1. 1.

    La religion druze est née au Caire sous le règne (386–411 h) du calife fatimide al-Hâkim bi-Amr Allâh. Le nom de la secte provient d’un de ses du‘ât, Darazi, qui la répandit en Syrie où elle prit souche après qu’elle fut éradiquée en Egypte après la mort du souverain (ou sa disparition, selon les druzes, qui doit être suivie d’un retour triomphant). Le véritable fondateur de la religion est un persan du nom de Hamza ibn ‘Alî qui, avec Isma‘îl al-Tamîmî et Bahâ’uddîne Muqtanâ rédigea les Rasâ’il al-hikmat qui constituent le livre sacré. Influencée par la théologie et la philosophie ismaéliennes, la doctrine druze hérite leur théorie des hûduds. Toutefois, elle s’en écarte par deux traits essentiels : (1) ces hudûds sont incarnés, et leurs âmes transmigrent (tataqammas), comme d’ailleurs celles de tous les humains. (2) l’Un prend figure humaine afin d’instruire les hommes. On lui connaît dix apparitions dans l’histoire, la dernière étant al-Hâkim.

  2. 2.

    Jésus fut sans doute dans ce cas (Lc 24:27). On notera que les Epîtres de la Sagesse présentent Tamîmî comme une réincarnation d’Hermès trismégiste (E, pp. 240, 282), l’herméneute par excellence et par étymologie.

  3. 3.

    Hamza ibn ‘Alî, Ismâ‘îl al-Tamîmî, Bahâ’uddîne al-Samûqî, Rasâ’il al-Hikmat, Paris, 1980.

  4. 4.

    Qî‘at, pluriel de qâ‘ : une étendue de terre. En l’occurrence, un désert.

  5. 5.

    Cette lecture n’est pas unanimement admise. Muhammad al-Shîrâzî (en son Taqrîb al-Qur’ân min al-adhhân) tient que les actions sont elles-mêmes mauvaises (sayyi’at). Dans le domaine chrétien, cette dernière position correspond en général à la conviction de l’Église catholique, notamment contre Wyclif soutenant que quoi que l’homme fasse en état de péché mortel, il pèche mortellement, ce dont hérite Calvin (cf. Institution de la religion chrétienne, III, XV, 6 ; IV, XIII, 2).

  6. 6.

    Il est intéressant de noter que la formule bâtin al-bâtin se rencontre chez les ismaéliens (cf. Ja‘far Abû Mansûr al-Yaman, Kitâb al-‘âlim wa-l-ghulâm, in Arba‘ kutub haqqâniyyat, Beyrouth, Majd, 1983, pp. 30–31) et que les druzes en usent pour disqualifier leur doctrine. La différence est la suivante : pour Hamza, le passage au bâtin al-bâtin signifie l’entrée dans une nouvelle religion, alors que pour les ismaéliens, il consiste dans la mise en évidence d’une nouvelle couche de sens dans la même tradition. En règle générale, ils n’éprouvent pas le besoin de recourir à l’argument de l’altération du Coran (c’est le cas de Kulaynî, chez les imâmites). Il leur suffit d’affirmer que c’est le sens qui a été dévoyé. La formule chez Hamza permet de rejeter l’ésotérique avec l’exotérique puisque transformé en exotérique.

  7. 7.

    Tafsîr, ad 24:36. De même Hâshim al-Bahrânî dans son Tafsîr al-Burhân et Sultân Muhammad al-Janâbidhî dans son Tafsîr bayân al-sa‘âdat fî maqâmât al-‘ibâdat. Certains commentateurs (comme Muhammad Ridâ al-Mashhadî, auteur du Kanz al-daqâ’iq) nomment carrément les Omayyades. Une exégèse imamite non-bâtinite comme celle de Tabatabâ’î (dans Al-Mîzân fî tafsîr al-Qur’ân) préfère identifier les actions des mécréants aux offrandes des idolâtres qui, comme tout le monde, aspirent au bonheur et croient le trouver moyennant leurs rites. Ce n’est que dans un deuxième moment qu’il étend l’attribution à ceux qui nient le Créateur (sans qu’il dise comment). Muhammad Hussayn Fadlullâh (Min wahyi al-Qurân) précise qu’ils ne croient pas dans la vie future et le jugement divin, en sorte qu’ici la surprise est de rencontrer Dieu et non plus de découvrir que leurs actions n’ont servi à rien. Il est à noter que plusieurs commentateurs shî‘ites ne s’avancent pas plus loin que les sunnites.

  8. 8.

    Du Calife-Dieu le syntagme propose une coïncidence des opposés plus aiguë encore que celle de l’Homme-Dieu, car calife signifie proprement celui qui succède à quelqu’un, ou lui tient lieu. Adam comme calife de Dieu ne fut pas plus Dieu que les califes de Mahomet Mahomet ou Dieu.

  9. 9.

    Par exemple, sous la plume de Tamîmî : est menteur celui qui se dit unitaire (muwahhid) tout en étant attaché à quelque chose du shar‘ (Epîtres, p. 280). Il est à noter que l’anomisme qui se fait jour ici est de nature doctrinale (contre les prescriptions religieuses de l’exotérique) et non morale. Hamza précise que la connaissance du sens ésotérique de la pureté n'implique pas que l'on soit autorisé à se livrer à la débauche (Epîtres, p. 167).

  10. 10.

    Pour Hamza, l’ismaélisme possède également une sharî‘at dont il faudra également se défaire (Epîtres, pp. 74, 76).

  11. 11.

    Dieu en guise d'homme dans le druzisme, Paris, Librairie de l’Orient, 2006, ch. I, § 10.

  12. 12.

    Voir sur ce point l’Epître LXVII (intitulée Min dûn qâ’im al-zamân wa-l-hâdî ilâ tâ‘at al-Rahmân), due à Bahâ’uddine. Dieu ne se manifeste pas moyennant des phénomènes naturels (montagne, buisson ardent, orages).

  13. 13.

    C’est le terme qu’aurait utilisé en cette occurrence Thomas d’Aquin, lui qui écrit : « Il ne convenait pas que le Fils de Dieu qui est la Vérité du Père, eût recours à quelque fiction (fictione) ; pour cela ce n’est pas un corps imaginaire (phantasticum), mais véritable qu’il prit » (Somme théologique, III.39.7.c).

  14. 14.

    Wochenpredigten über Johannes, in Werke, Weimar, Böhlhaus, 1909, t. 26, p. 184.

  15. 15.

    Comme dans le christianisme où étant fixé définitivement à la chair, le Verbe éternel ne peut répandre partout l’Esprit-Saint à moins de disparaître physiquement de la scène du monde (Jn 16:7).

  16. 16.

    J’exclus donc de mon propos toute parole (et toute vision) advenant dans le cœur du fidèle. Le retrait de Dieu ne paraît propice qu’au disciple qui ne rencontre pas (dans cette vie-ci) le Dieu subcarné et souffre de son infiguration actuelle en raison de ce qu’il endure ou parce qu’il estime que quelque chose de décisif devrait se produire.

  17. 17.

    Cité in Sulamî, Haqâ’iq al-tafsîr, ad. loc.

  18. 18.

    Mîthâq ya‘nî hujjat wa-ribât ‘alâ al-khalq, Ms, Paris arabe 1436, f° 40a.

  19. 19.

    Ibid., 42a.

  20. 20.

    Paris, Librairie de l’Orient, 2006, ch. I, § 5.

  21. 21.

    Wochenpredigten über Johannes, p. 194.

  22. 22.

    On pourrait dire : dans le là de l'apparition. La préposition reprend évidemment le terme du verset coranique.

  23. 23.

    Al-Risâlat al-Masîhiyyat, Introduction. Je me suis basé sur un manuscrit, l’édition disponible (Rasâ’il al-hikmat al-‘alawiyyat, II, Diyâr ‘Aql, 2006) étant trop fautive.

  24. 24.

    Nouvelle hypothèse concernant le traité christologique attribué au Calife Al-Mu‘izz, in L'Orient des dieux n° 2, 2002, p. 51–68.

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Hatem, J. (2014). Dieu et son mirage : L’exégèse druze de Coran 24:39. In: Tymieniecka, AT., Muhtaroglu, N., Quintern, D. (eds) Islamic Philosophy and Occidental Phenomenology in Dialogue. Islamic Philosophy and Occidental Phenomenology in Dialogue, vol 7. Springer, Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-94-007-7902-0_14

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