Syndrome douloureux régional complexe : étude descriptive des patients vus pour la première fois au centre d’évaluation et de traitement de la douleur du CHU de Rouen

Résumé

Objectifs

Décrire l’état de santé et la prise en charge des patients atteints d’un syndrome douloureux régional complexe (SDRC), vus au centre d’évaluation et de traitement de la douleur (CETD).

Matériel et méthode

Étude descriptive des patients vus pour la première fois au CETD du CHU de Rouen entre les 1ers novembre 2013 et 2014. Tous les patients ayant un SDRC selon les critères de Budapest ont été inclus. Les données épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques ont été recueillies. Le retentissement de la pathologie a été évalué à l’aide des scores HAD, HAQ et SF-36.

Résultats

Trente-neuf patients d’âge moyen de 44,5 ans ont été inclus. La durée d’évolution moyenne du SDRC était de 16,5 mois. Le SDRC était majoritairement post-traumatique (87,1 %), aux membres supérieurs (53,8%). Le contexte d’accident de travail était fréquent (43,6 %). Une proportion élevée (79,5 %) des patients étaient inactifs. La durée moyenne d’arrêt de travail était de 13 mois. Les troubles sensoriels et moteurs étaient fréquents (94,9 et 89,7 %) ainsi que la sous-utilisation du membre (79,5 %). L’EN douleur moyenne était de 5,6/10. Les patients présentaient une limitation d’activité modérée à sévère (38,5 %), des troubles anxieux et/ou dépressifs (51,3 %) et une altération de la qualité de vie. Seuls 5,1 % des patients avaient une prise en charge psychologique. En moyenne, 4,6 classes médicamenteuses avaient été essayées. Plus de la moitié (59,0 %) avait bénéficié de kinésithérapie « conventionnelle », débutée tardivement (en moyenne 7,8 mois) avec une faible efficacité (78,3 % peu ou pas d’efficacité).

Conclusion

Nos résultats incitent à une prise en charge multidisciplinaire plus adaptée tant sur le plan de l’éducation du patient, de la prise en charge psychologique et socioprofessionnelle. La faible efficacité des séances de kinésithérapie encourage à exploiter les nouvelles méthodes de rééducation.

Abstract

Objectives

To study patients with complex regional pain syndrome (CRPS) consulting for the first time in a Pain Department.

Methods

All patients consulting for the first time at the Pain Department of the University Hospital of Rouen between November 1, 2013 and November 1, 2014 were included if they had CRPS by the Budapest criteria. All epidemiologic, clinical, and therapeutic data were gathered. To evaluate impact of CRPS in patients’ life, questionnaire HAD, HAQ, and SF-36 were used.

Results

Thirty-nine patients of average age 44.5 were included in the study. The mean duration of symptoms was 16.5 months. CRPS was mostly post traumatic (87.1%) and the upper limb was afflicted (53.8%). A job-related injury was frequent (43.6%). The average length of sick leave was 13 months. Sensory and motor disorders were frequent (94.9 and 89.7%) as well as neglect-like symptoms (79.5%). The mean numerical rating of pain was 5.6/10. Patients showed a moderate to severe restriction of activity as 38.5%, 51.3% had anxiety and/or depressive troubles (51.3%) and a loss of quality of life. Only 5.1% patients had psychological support. An average of 4.6 treatment categories had been tried. Only 59.0% attended “conventional” physical therapy (mean: 74 sessions), starting late after CRPS diagnosis (mean 7.8 months) and with a low efficacy rate (78.3% low or no efficacy).

Conclusion

Our results show the necessity of multidisciplinary care for patients with CRPS. Improvement has to be made on therapeutic education and psychological and socio-professional support. Low efficacy of physiotherapy sessions casts doubts on the techniques used and establishes the need to search for new rehabilitation methods.