Résumé
Il est classique d’affirmer que les patients cancéreux se suicident peu. Nombre de cliniciens rapportent souvent le vécu empirique selon lequel les patients atteints de cancer se suicident plutôt moins que les autres. Il semble que cette idée classique, cette idée reçue ou plutôt cette impression (en lien avec le vécu empirique) que le cancer puisse agir comme un facteur de protection quant au risque suicidaire, résiste dans les milieux oncologiques aux études scientifiques publiées sur le sujet qui démontrent clairement le contraire. Les équipes, travaillant dans ce contexte spécifique de la cancérologie au sein duquel la question de la mort se pose inéluctablement, doivent tirer les enseignements de cette littérature et apprendre à connaître et à appréhender la clinique différentielle de la crise suicidaire (des idées de mort souhaitée au passage à l’acte réussi). N’y a-t-il pas en effet urgence à se mettre au clair sur ces questions alors que cette problématique se trouve aujourd’hui brouillée par le discours social sur l’aide au suicide et le suicide assisté.
Abstract
It is classic to assert that cancer patients are less intended to commit suicide. Numbers of clinicians often report the empirical experience according to which patients with cancer commit suicide rather less than the others. It seems that this classical idea, this preconceived idea, or rather this impression (linked with the empirical experience) that cancer could act as a protection factor for suicidal risk, resists in the oncologic field against the scientific studies published on this topic that clearly indicate the opposite. Teams working in this specific context of oncology within the question of death arises inescapably, must learn from literature data and learn to know and dread the differential clinic from the suicidal crisis (wishing death, acting out). There is an emergency to clear up on these questions while this problematic is nowadays blurred by the social speech about suicide help and physician-assisted suicide.
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